Yannick Noah triomphe à Roland-Garros le 5 juin 1983, trente-sept ans après Marcel Bernard, le dernier Français à avoir gagné du côté de la porte d’Auteuil. Celui qui a vécu à Yaoundé, au Cameroun, pendant les premières années de sa vie, est alors âgé de 23 ans et est annoncé comme un des favoris du tournoi. Cette année-là, il a remporté Madrid et Hambourg, disputé la finale à Lisbonne et est tête de série numéro 6 de Roland-Garros.
L’histoire commence à Monte-Carlo après la défaite de Yannick Noah en quart de finale contre l’Espagnol Manuel Orantes (6-2, 6-7, 3-6). À deux mois de Roland-Garros, c’est une contre-performance, une alerte pour son entraîneur, Patrice Hagelauer : «Ça n’était pas le Yannick que je connaissais. On a eu une petite explication après le match. Je lui ai dit : est-ce que tu veux vraiment gagner Roland-Garros ?» Yannick Noah réagit immédiatement et s’entraîne particulièrement dur : quatre à cinq heures le matin et deux l’après-midi, suivies de trois quarts d’heure de course, le tout à l’écart de l’agitation parisienne. «Il bossait comme un dingue, il était toujours demandeur, c’était incroyable», se souvient son entraîneur.
Le 23 mai 1983, le tournoi de Roland-Garros débute. Yannick Noah remporte facilement ses premiers tours, contre le Suédois Anders Järryd (6-1, 6-0, 6-2), le Paraguayen Victor Pecci (7-5, 7-6, 6-2), l’Américain Pat Dupré (7-5, 7-6, 6-2) et l’Australien John Alexander (6-2, 7-6, 6-2). «Yannick savait exactement ce qu’il devait faire : qu’il bouscule l’autre, qu’il soit un bulldozer», raconte Patrice Hagelauer. Se dresse alors sur sa route, en quart de finale, un joueur du même âge, redoutable et qu’il connaît bien : le Tchèque Ivan Lendl.
En Finale Yannick Noah affronte Mats Wilander. Le Suédois n’a pas encore 19 ans et a déjà remporté, l’Open d’Australie en début d’année et la dernière édition de Roland-Garros. Mais Yannick Noah sait comment en venir à bout et cela fait toute la différence. Après un tie-break tendu, Yannick Noah gagne sur Mats Wilander 6-2, 7-5, 7-6, tombe à genoux et lève les bras au ciel. «Pat’, on a gagné, on a gagné !» crie-t-il ensuite à son entraîneur avant de l’enlacer sur un central plein telle une cocotte-minute. Yannick Noah est érigé en héros national. L’exploit est majeur et reste gravé dans l’histoire du tennis et du sport français.