Alors qu’ils n’ont pas fini de digérer ses exploits sur le rectangle vert à travers le monde entier, l’annonce de sa reconversion comme entraîneur est une pilule difficile à avaler chez certains observateurs, dont le journaliste français Philippe Doucet.
Le 6 septembre 2019, à l’âge de 38 ans, après 880 matchs et 426 buts, Samuel Eto’o, seul détenteur de deux triplés consécutifs : Coupe-Championnat-Ligue des champions, annonçait sa retraite à Kinshasa. « The end, vers un nouveau défi », postait-il sur Instagram. Le collaborateur officiel du président de la Confédération africaine de football (Caf), Ahmad Ahmad, chargé des relations avec les fédérations et les confédérations, ne pouvait pas se contenter de si peu pour meubler une vie de champion bien remplie. Samuel Eto’o a levé le voile sur son intention d’embrasser une carrière d’entraîneur. Une expérience déjà vécue à Antalyspor.
Entraîneur-joueur d’Antalyaspor
« J’ai également donné autorité à Eto’o en ce qui concerne les transferts. C’est lui qui s’occupe du recrutement de Ronaldinho », avait déclaré le président du club, Gültekin Gencer, le 17 décembre 2015 sur la chaîne d’information turque NTV. Samuel Eto’o s’était vu confié la responsabilité d’entraîneur de ce club le 10 décembre 2015 suite au limogeage du coach principal, jusqu’à la trêve hivernale. Pour sa première, le prodige camerounais a conforté sa place de meilleur buteur du championnat turc avec 13 buts, en marquant lors de la victoire de son équipe face à l’avant-dernier Mersin (3-2). Un cliché hors du commun et prémonitoire que Philipe Doucet feint de ne pas reconnaître.
La palette de Philippe Doucet
Le consultant de Canal+, témoin vivant des exploits de Samuel Eto’o à travers le monde a exprimé des doutes sur la capacité de l’ancien Lion indomptable à réussir une reconversion d’entraîneur. « Très très longtemps, il parle d’être entraîneur. Eto’o a fait beaucoup de choses dans la formation au Cameroun, au Gabon, au Barça où il avait amené beaucoup de Camerounais à la Masia. Maintenant, est-ce qu’il ira au bout ? Est-ce qu’il le fera ? En fait être entraîneur, c’est un engagement quotidien et permanent. Aujourd’hui, Samuel Eto’o, il s’occupe un peu de la CAF, de la FIFA, il aime bien s’occuper de beaucoup de chose. La dernière fois, j’ai fait une interview avec lui à Konyaspor, son bureau était bourré de dossiers de business et d’autres choses. Il était encore footballeur et on sentait que tout ça l’occupait déjà. Ma préoccupation est-ce qu’il peut avoir la faculté de tout oublier et d’être uniquement entraîneur ? Etre entraîneur, c’est 100% il n’y a pas d’autre chose à côté. C’est un choix personnel et peut-être difficile pour lui, on verra », a-t-il argumenté.
Une réflexion qui ferait croire que Samuel Eto’o aurait pris sa décision à la légère.
Samuel Eto’o un habitué de défis
Le double vainqueur de la Ligue des champions avec le FC Barcelone en 2006 et 2009, est prêt à relever cet autre défi. Ce nouveau challenge sonne comme une envie de prouver que les entraîneurs noirs peuvent aussi briller à ces postes sur le continent européen. « Certains anciens joueurs noirs ne passent pas leur diplôme… Mais bien sûr qu’il y a beaucoup d’entraîneurs africains qui ont des diplômes. Il n’y a juste pas cette confiance-là. On se méfie des entraîneurs de couleur, on nous voit comme des êtres de seconde zone », souligne Samuel Eto’o qui compte imposer sa silhouette au football européen pour plusieurs années encore. Comment croire qu’il lui manquerait du temps pour passer des diplômes ? Zinedine Zidane, Gennaro Gattuso et Frank Lampard auraient-ils usé de tours de magie pour passer leurs diplômes ? Si tel était le cas, le natif de Nkon par Douala n’aurait qu’à rendre une visite à ses généreux patriarches pour passer à son tour, le rituel initiatique.