A 59 ans, Patrice Motsepe était seul en lice pour la présidence de la Confédération africaine de football (CAF), après le retrait de l’Ivoirien Jacques Anouma, du Sénégalais Augustin Senghor et du Mauritanien Ahmed Yahya contre la promesse de postes respectivement de conseiller, premier et deuxième vice-présidents. D’enfant de Soweto à septième roi du football africain, qui est Patrice Motsepe et quels sont les défis qui l’attendent dans un contexte de fortes critiques vis-à-vis de la FIFA, son principal soutien ? L’enjeu de son élection est d’autant plus important que l’économie du football en Afrique est en train de se métamorphoser.
Dans son programme annoncé depuis le 25 février, l’aspect financier l’a poussé à privilégier une Coupe d’Afrique des nations (CAN) organisée tous les 2 ans plutôt que tous les 4 ans : « Nous devons restructurer la Coupe d’Afrique des nations dans les deux années qui viennent. Il y a eu des discussions pour savoir si elle devrait se dérouler tous les 4 ans ou tous les 2 ans. Personnellement, au départ, je pense qu’elle devrait rester tous les 2 ans. Nous avons besoin de l’argent des compétitions de la CAF ! » Des réflexions auront toutefois au lieu au sujet de la CAN et des autres événements. « Il n’y a pas d’intention de déplacer le siège de la CAF du Caire en Afrique du Sud », a-t-il insisté. Et il n’est pas là pour nuire aux intérêts marocains ou ceux d’un autre pays. « Je veux utiliser le sport pour unir l’Afrique », fit-il savoir. Certains présentent le nouveau président de la CAF comme une nouvelle marionnette de la FIFA. L’instance mondiale « avait déjà fait élire Ahmad pour faire partir Issa Hayatou, après 29 ans de règne », explique un observateur.
Patrice Motsepe a grandi dans le township de Soweto, près de Johannesburg. Dans ce ghetto réservé aux non-Blancs, sa famille relativement aisée tient un « spaza shop », à la fois épicerie et débit de boisson en Afrique du Sud. Les sept enfants suivent des études dans des établissements catholiques privés et Patrice Motsepe peut se permettre de chercher sa voie, passant d’abord une licence d’art avant de s’intéresser au droit minier et au droit des affaires. En 1988, il intègre le cabinet d’avocats Bowman Gilfillan et, en 1993, peu après l’abolition de l’apartheid, il en devient le premier associé noir. Dans les années qui suivent, il fonde Future Mining et African Rainbow Minerals Gold, deux sociétés spécialisées dans l’extraction minière qui constitueront les bases de sa fortune. Il devient le premier Noir milliardaire d’Afrique du sud. Aujourd’hui, selon le dernier classement Forbes, il est la dixième fortune du continent. Sans faire de politique, Patrice Motsepe n’est pas pour autant éloigné des cercles du pouvoir. Sa sœur aînée, Tshepo Motsepe, est l’épouse du chef de l’Etat, Cyril Ramaphosa. Une autre de ses sœurs, Bridgette Motsepe, est la seule femme à la tête d’une industrie minière en Afrique du Sud, et est mariée à Jeff Radebe, un des cadres du Congrès national africain (ANC), plusieurs fois ministre.