Après une saison régulière de feu, le pivot des Sixers de Philadelphie, confirme et succède au Serbe Nikola Jokic, devenant ainsi seulement le second joueur Africain à recevoir cette distinction après le Nigérian Hakeem Olajuwon, en 1994.
Dans la salle de réception de l’hôtel où les Sixers de Philadelphie sont installés à Boston, les visages sont tendus. Joël Embiid, au centre de toutes les attentions, n’a pas l’air de tenir en place alors qu’il regarde l’écran de télévision. L’annonce tombe : le natif de Yaoundé se prend la tête entre les mains, fond en larmes, congratulé par ses coéquipiers. Il vient enfin de remporter, à 29 ans, son premier titre « Michaël Jordan », nom donné au trophée de MVP.
La route pour atteindre la plus haute reconnaissance individuelle a été longue pour le Lion Indomptable. Mais les déceptions passées, et de graves blessures au pied, sont désormais derrière lui. « Il a un destin incroyable ! Ce titre ne m’étonne pas, il a marché sur la ligue cette saison », souligne John Bryant, actuel entraîneur-assistant aux Chicago Bulls, et ancien entraîneur individuel de Joël aux Sixers, durant 6 ans.
« I Have a Dream »
Des kilomètres plus loin, au Cameroun. C’est au stade proche du camp sic Nlongkak que Joël aura fait ses premiers pas. Un ami d’enfance Hans raconte au micro d’Equinoxe TV, que son ancien confrère venait très tôt aux entraînements vers 7h00, 7h30 et prenait le temps de se reposer quand il le pouvait, chez deux frères d’armes. L’un de ses coachs au Campus Universitaire de Ngoa-Ekelle, M. Mouelle témoigne qu’il pouvait passer près de 12h à s’entraîner, à chercher à maîtriser de nouveaux mouvements. Rien ne prédestinait Joel Embiid à entrer dans l’histoire du basket. Né en 1994 à Yaoundé, d’un père militaire et handballeur et d’une mère femme au foyer, le jeune Joël commence par exceller au volleyball. Ce n’est qu’à 15 ans qu’il passe des filets aux paniers et découvre alors la NBA en regardant des cassettes vidéos : la légende Nigériane Hakeem Olajuwon devient son modèle.
Repéré dans le camp d’entrainement de son compatriote, l’international Luc Mbah a Moute, le Camerounais traverse l’Atlantique à 16 ans et tente l’aventure américaine. Formé à l’université du Kansas, Joël Embiid, très attendu, rejoint la NBA en 2014, recruté par les Sixers de Philadelphie. Mais une blessure au pied le met sur la touche pendant deux ans, deux années à susciter les interrogations, mais surtout deux années précieuses à travailler dans l’ombre et s’étoffer.
Un message d’espoir pour l’Afrique
Seulement second Africain de l’histoire à être élu MVP, après la légende Olajuwon, la consécration d’Embiid est aussi un message d’une portée sans précédent envoyé au continent, qui exporte de plus en plus ses talents vers la meilleure ligue du monde. « Ce trophée, c’est bien plus qu’une page dans le grand livre de l’histoire de la NBA », souligne Bryant, qui a travaillé durant de longues années en Angola et au Nigeria, « c’est un symbole, un exemple d’inspiration pour tous les jeunes sur le continent Africain, qui veulent devenir des Joël Embiid, et qui veulent vivre leur rêve. Avec ce titre, il entre dans un club de légendes ultra-fermé. Ça montre aux Africains qu’ils peuvent aussi le faire, et c’est d’un impact énorme ! ». On connait la suite : des débuts réussis, une progression constante depuis, jusqu’à atteindre les sommets cette saison, devenant meilleur marqueur et locomotive de son équipe, Joël Embiid frappe les esprits avec plusieurs matchs stratosphériques à plus de 50 points.
Également américain et français, le pivot aux trois nationalités n’a toujours pas annoncé son choix de sélection nationale et fait pour l’heure le bonheur des fans de Philadelphie.