Dans le cas où le « Groupe de travail ministériel » mis sur pied par le ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep) n’apporterait pas seulement un soutien à la Fécafoot mais s’avèrerait donner des directives à celle-ci, « nous serions contraints de rapporter ces événements aux organes compétents de la FIFA pour prise de décision, incluant l’application des sanctions telle qu’une sanction à l’égard de la Fécafoot », tranche le directeur de la division associations membres de la FIFA.
Dans son courriel, la FIFA s’appuie sur la création d’un groupe de travail par le Minsep, chargé du suivi de la sentence rendue le 14 septembre par le Tribunal arbitral du sport (TAS). Pour la FIFA, l’initiative du Minsep expose la Fécafoot à une suspension aux conséquences incommensurables. « Les articles 14 al. 1 let. i), al. 3 et 19 des statuts de la FIFA, selon lesquels les associations membres de la FIFA sont statutairement tenues de gérer leurs affaires de manière indépendante et sans influence indue des tiers. Tout manquement à ces obligations peut entraîner des sanctions, pouvant aller jusqu’à la suspension pure et simple de l’association membre concernée, et ce, même si l’influence d’un tiers n’est pas imputable à l’association membre ».
24 heures après avoir reçu de la Fécafoot, copie du courriel de la FIFA, le Narcisse Mouelle Kombi, le Minsep, a immédiatement réagi pour démontrer qu’il n’y a pas d’ingérence du gouvernement camerounais dans les affaires de la Fécafoot. « Faciliter la restauration de la Ligue de football professionnel du Cameroun (LFPC) dans ses droits ; entreprendre sans délai une médiation entre la Fécafoot et la LFPC en vue de restaurer la sérénité entre ces acteurs majeurs de football ; accompagner la LFPC en concertation avec la Fécafoot dans le sens de la reprise des championnats professionnels dans les tout prochains jours », sont les instructions du Premier ministre, contenues dans sa correspondance du 29 septembre au Minsep, pour faire appliquer la sentence du TAS.
La création d’un groupe de travail par le Minsep, au lendemain de la réunion tripartite du 17 septembre dont l’objectif était de trouver un terrain d’entente pour la reprise en main de l’organisation des championnats professionnels par la LFPC, était-elle nécessaire ? La résolution n°13 de l’assemblée générale de la Fécafoot tenue les 24 et 25 septembre, dont l’alinéa 1 acte « l’occupation par le général Pierre Semengue du poste de président de la LFPC jusqu’au 30 juin 2021 », n’était-elle pas déjà la preuve de la volonté de la Fécafoot de se plier à la sentence du TAS ? Conformément à l’article 57 de ses statuts, la FIFA reconnaît le recours au TAS en cas de litige impliquant la FIFA, les associations membres, les confédérations, les ligues, les clubs, les joueurs, les officiels, les agents organisateurs de matches licenciés et les intermédiaires.
Si la FIFA « souhaite et encourage naturellement une étroite collaboration entre les gouvernements respectifs et ses associations membres, elle doit aussi veiller au respect de l’autonomie de ces dernières », rappelle Véron Mosengo-Omba. Le Minsep, considérant les enjeux que sont l’organisation de compétions majeures de la CAF au Cameroun, devrait se contenter de son rôle de tutelle. En rappelant que « l’article 7 de la loi dispose clairement que les statuts et règlement de la Fécafoot sont soumis, avant leur entrée en vigueur au contrôle du ministère en charge des sports, aussi bien lors de leur adoption que de leur modification », Narcisse Mouelle Kombi voudrait-il faire croire à une nouvelle naissance de la Fécafoot ? Brandir aujourd’hui que le Minsep peut, « en cas de faute grave engageant la responsabilité d’une association sportive, suspendre les activités de ladite association ou lui retirer l’agrément », Narcisse Mouelle Kombi voudrait-il nous faire croire qu’il sommeillait à la genèse du litige qui oppose la LFPC à la Fécafoot ? La tutelle de l’Etat implique un contrôle de conformité, de la légalité de l’exercice des activités des associations sportives en général.
Le président Paul Biya a promis l’organisation de la CAN au peuple camerounais, et a mis tous les moyens à la disposition du gouvernement pour la construction d’infrastructures adéquates pour la réussite de cet événement planétaire. Alors que la conduite des chantiers piétine, notamment celui du complexe sportif Paul Biya à Olembé dont les caractéristiques sont réduites au seul stade et ses annexes, le Minsep tente de distraire l’opinion avec le dossier Fécafoot-LFPC. Pour mémoire, le complexe sportif d’Olembé est composé de plusieurs infrastructures sportives hissées aux plus hauts standards internationaux : un stade couvert de 60 000 places, deux stades d’entraînement, un lac artificiel, un gymnase, une piscine olympique, des terrains de tennis, de basketball et de volleyball, mais aussi un ensemble hôtelier et plusieurs espaces commerciaux. Le litige Fécafoot-LFPC ne date pas d’hier. L’organisation de la CAN peut avoir lieu avec ce mal. Monsieur le Minsep où en est-on avec la construction du complexe sportif Paul Biya à Olembé ?