Une défaite de trop. Après la débâcle face au Sénégal (3-1) lors du deuxième match de la phase de groupes, le Cameroun semblait déjà être blessé dans tous les compartiments de jeu. La victoire à l’arrachée des hommes de Rigobert Song, n’était que l’arbre qui cachait la forêt dans une tanière transformée « en champ de bataille ».
Des Lions inoffensifs !
Ce choc des huitièmes de finale entre deux grandes nations africaines Samedi dernier, a été dominé de long en large par les hommes de José Peseiro. Qualifié de justesse en phase à élimination directe grâce à un but héroïque du défenseur Christopher Wooh, le Cameroun n’a pas existé de la rencontre, à l’image d’un Georges-Kévin N’Koudou très discret, alors qu’il avait été si brillant depuis le début de cette CAN. En face, les Vert et Blanc ont été tout simplement irréprochables. Emmenés par un Victor Osimhen proactif, les Nigérians ont pris leurs adversaires à la gorge et ne les ont pas lâchés. C’est d’ailleurs sur une récupération haute du Napolitain dans les pieds d’Oumar Gonzalez qu’Ademola Lookman a pu ouvrir le score (36e) face à un Fabrice Ondoa impuissant.
Avant cela, le Nigeria s’était déjà montré dominateur dans le jeu, ne laissant que quelques miettes à un Frank Magri trop peu trouvé. Dès la 10e minute, Semi Ajayi a cru ouvrir le score suite à un corner et une sortie hasardeuse de Fabrice Ondoa, avant d’être signalé hors-jeu. Le latéral Ola Aina s’est montré décisif sur son côté droit, défensivement mais surtout sur ses montées en attaque. Calvin Bassey a également réalisé un match de patron au milieu. C’est notamment suite à ses récupérations que les nigérians ont lancé leurs nombreux contres. Avec Bassey dans l’entrejeu et Osimhen en première ligne, le pressing nigérian a été l’arme ultime de José Peseiro pour étouffer des camerounais biens trop fébriles.
Le match sérieux des nigérians a été récompensé par le but du break d’Ademola Lookman, sur un centre de Bassey, douchant les derniers espoirs camerounais (90e). Si ce deuxième but est arrivé sur le tard, les camerounais n’ont jamais été en position d’inquiéter le bloc défensif adverse. La rentrée de l’expérimenté Vincent Aboubakar à la 80ème minute après une longue pause, due à la blessure de Stanley Nwabili, n’a rien changé à l’attaque camerounaise. Le Nigeria a réalisé un match parfait avant d’affronter l’Angola en quarts, et de potentiellement rencontrer le Maroc en demi-finales. En attendant de voir les autres rencontres, les Aigles Verts se positionnent plus que jamais comme l’une des équipes favorites pour remporter cette CAN 2023.
Rigobert Song sur la sellette
Le Manager Sélectionneur camerounais parle de défaite de groupe en conférence de presse et dit encore « apprendre » et qu’il s’agit de la « jeune génération ». Des propos qui dénotent la fuite de responsabilités en tant que technicien principal. Pour de nombreux camerounais, la gestion du groupe n’a pas été optimale au regard du banc des remplaçants largement étoffé par de nombreux talents qui auraient pu faire la différence. Du jeune Ben Elliot formé par le club anglais Chelsea FC, du vétéran Clinton Njie connu pour ses accélérations supersoniques, Nathan Douala sociétaire de Victoria United au Cameroun, ou encore Vincent Aboubakar rentré très tard dans le jeu contre le Nigéria. Pour une bonne partie de l’opinion publique nationale, le sélectionneur camerounais devrait poser sa démission auprès de la Fédération Camerounaise de football, dirigée par Samuel Eto’o, son ancien coéquipier. Contre les Super Eagles, les statistiques sont sans appel : 0 tir cadré sur 6, malgré une possession de balle nette sur l’ensemble du match (58 %), 1 seul corner en 90 minutes de jeu, 21 fautes commises.
En marge, le choix du portier a été au centre de toutes les attentions, lorsque l’on sait qu’il s’agit d’un poste de confiance. Fabrice Ondoa a été aligné pour le premier match, André Onana pour le second match contre le Sénégal, et enfin Ondoa pour les deux dernières rencontres (Gambie et Nigéria). Le titulaire de Manchester United, n’a pas pu faire montre de son talent, amplifié par des disputes présumées dans les travées des vestiaires entre lui et la légende Samuel Eto’o, et ce quelques heures avant la dernière rencontre en huitièmes de finale.
Le chantier de la reconstruction
Face à la presse, ce dernier a exclu de démissionner après cette nouvelle contreperformance. Car l’objectif affiché par la Fédération camerounaise de football était la victoire finale. « Je reste ouvert à toutes les critiques pour pouvoir m’améliorer a la prochaine CAN », a expliqué le sélectionneur camerounais aux journalistes. Dans le calendrier de la Confédération africaine de football (CAF), la prochaine CAN doit se jouer l’année prochaine au Maroc. Mais si on en croit Rigobert Song, il va falloir plus qu’une année pour que les Lions indomptables renouent avec la victoire. Il demande deux ans pour mettre en place une meilleure équipe. Sauf que depuis l’élimination des Lions indomptables, de nombreux Camerounais demandent la tête du sélectionneur. Pour ces derniers, Rigobert Song n’est pas l’homme de la situation. Quelques entraineurs camerounais susurrent aussi que Song est incompétent. C’est le même son de cloche au-delà des frontières nationales. Des influenceurs populaires, comme l’Algérien Mohamed Henni, n’hésitent pas à considérer que Rigobert Song est plus à l’aise pour formuler des proverbes africains que pour créer une véritable sélection nationale.
Le Cameroun se prépare aussi à affronter de nouveaux adversaires pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, à savoir l’Angola, le surprenant Cap-Vert (actuellement qualifiés en quarts de finale), l’Ile Maurice, et la Libye.