Alors que le Cameroun brandit son droit de préemption sur ce centre après la cessation des activités de la CAF, conformément aux clauses de la CAF, l’instance du foot africain conditionne la gestion camerounaise par le rachat du centre, selon des sources crédibles.
Pourtant, il demeure une propriété de la CAF qui a l’entière responsabilité de sa gestion, de son entretien et de la maintenance de ses équipements.
Toutefois, l’acte de concession définitive attribue le droit de préemption au Cameroun dans des situations similaires à l’état d’abandon du site. Pour Abel Mbengue, ancien coordonnateur du bureau de la CAF à Yaoundé, le « droit de préemption que la partie camerounaise a opportunément mentionné dans la dernière disposition des clauses signifient expressément qu’en cas de cessation des activités de la CAF au Cameroun, le centre y compris les superficies et les infrastructures ne sauraient échapper à la vigilance des autorités du Cameroun ».
Ces dernières qui ont d’ailleurs accordé des privilèges inédits à la CAF pour la réalisation de ce projet d’envergure au Cameroun. Notamment l’exonération des droits de douane de tous les matériels et équipements qui se chiffrent à plusieurs centaines de millions de FCFA. En plus de la gratuité de 23 hectares de terrain consacré au projet mené sous l’égide d’Issa Hayatou, ancien président de la CAF.
Pourtant à Dakar ou à Addis-Abeba, s’interroge le Cameroun, la CAF a non seulement acheté le terrain mais déjà cédé ses centre d’excellence au Sénégal et à l’Ethiopie. Un paradoxe flagrant quand la CAF sous Ahmad Ahmad demande au Cameroun d’acheter le centre d’excellence de Mbankomo. « Ce qui n’a pas été les cas ni pour Dakar, ni pour Addis-Abeba, paradoxalement rétrocédés aux autorités des deux pays sans que la CAF ait réclamé quoi que ce soit à ces pays », s’étonne Abel Mbengue. Tous les éléments de cessation des activités de la CAF dans son centre de Mbankomo sont pourtant réunis. A titre d’exemple, la CAF a clôturé tous ses comptes bancaires au Cameroun depuis 2018 en procédant au virement des soldes au Caire en Egypte.
Le Centre de Mbankomo, un joyau sportif
« La première chose que je me suis dit alors qu’on arrivait est Waouh, que c’est grand ! Et j’ai demandé au président Issa Hayatou si on se rendait dans une ville ? Il m’a répondu non, c’est le Centre ». La scène, vécue à son arrivée à Mbankomo, est racontée par Sepp Blatter, l’ex président de la Fédération internationale de football association (FIFA). Une scène pour exprimer son impression au premier contact avec le Centre d’excellence de la CAF qui a été inauguré lundi en grandes pompes en 2014. Près de deux heures de cérémonie, sous un soleil ardent, devant des invités de marque dont la plupart ont passé la nuit sur place. Tenez, aux côtés de l’ancien Patron de la CAF Issa Hayatou, il y avait bien sûr le Suisse, mais aussi le Comité exécutif de la CAF, le Comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football et plusieurs membres du gouvernement. Sans oublier les acteurs du football camerounais. Bien sûr, la présence de personnalités comme Jacques Anouma, ancien challenger de Issa Hayatou, n’est pas passée inaperçue.
Tout ce parterre pour rehausser l’éclat de la cérémonie de Mbankomo il y’a 6 ans. D’ailleurs, les six orateurs qui se sont succédé pour la première partie de l’évènement n’ont pas manqué de relever l’importance de l’infrastructure. Tout le monde est fier de ce « magnifique chef d’œuvre », dixit le maire de la localité, Jean Bonaventure Atangana. Alors que le Pr Joseph Owona qui préside le Comité de normalisation a salué « ce formidable outil de développement du football africain qui offre des conditions d’accueil exceptionnelles pour les équipes du continent ». Pascal Owona Baylon, élite de Mbankomo, a remercié le ciel et le président de la CAF pour avoir choisi le Cameroun pour abriter l’infrastructure. Et de préciser que « par rapport aux Centres en construction au Sénégal et en Ethiopie, – sans susciter de jalousie -, il n’y a pas de comparaison avec ce que nous avons ici ». Adoum Garoua, ministre des Sports et de l’Education physique à l’époque, avait abondé dans le même sens, profitant de l’occasion pour vanter les mérites et les ambitions du Cameroun, candidat à l’organisation de la CAN 2019, reportée en 2021 pour cause de Covid19.
Dans tous les cas, il y a lieu de saluer l’infrastructure, opérationnelle depuis 2010, qui constitue, comme l’a rappelé les responsables africains, « un ouvrage de référence ». D’ailleurs, ajoutera-t-il Hayatou, « sa réputation d’excellence a d’ores et déjà franchi les limites de notre continent ». L’Afrique toute entière peut donc être fière de cet ouvrage, qui, rappelons-le, est mis gracieusement par la CAF à la disposition des cinq pays africains qui étaient qualifiés pour le mondial 2014 tenu au Brésil.