Attendue depuis quelques jours, suite à l’appel introduit par Ahmad Ahmad, le président sortant de la Confédération africaine de football (CAF), c’est finalement le 8 mars que la sentence du Tribunal arbitral du sport (TAS) est tombée. La juridiction a réduit de cinq à deux ans la suspension prononcée par la Fédération internationale de football association (FIFA), en novembre 2020 contre Ahmad Ahmad. Outre la réduction de sa durée de suspension, la juridiction basée à Lausanne a divisé par quatre l’amende infligée à l’ancien président de la CAF, âgé de 61 ans, l’abaissant de 200 000 à 50 000 francs suisses. Le TAS a reconnu le Malgache coupable d’une cascade de violations éthiques, dont la « distribution de cadeaux » et le « détournement de fonds », confirmant donc son inéligibilité alors qu’il briguait un deuxième mandat lors de l’élection du 12 mars à Rabat.
A quelques jours de l’élection, il ne reste plus qu’un seul candidat. L’Ivoirien Jacques Anouma, le Sénégalais Augustin Senghor et le Mauritanien Ahmed Yahya ont renoncé, le 6 mars, à se présenter à la présidence de la CAF. Le Sud-Africain Patrice Motsepe reste le seul candidat en lice. En marge de la finale de la CAN U-20, les quatre hommes étaient réunis dans la capitale de la Mauritanie, Nouakchott, sous l’égide de la FIFA, pour une cérémonie de l’unité africaine afin de sceller un consensus à la tête de la CAF. Rangés derrière le milliardaire Patrice Motsepe, Jacques Anouma, Augustin Senghor et Ahmed Yahya deviendront respectivement conseiller, deuxième et premier vice-présidents. Plus de suspense donc, scénario idéal pour la FIFA.
Gianni Infantino, le président de la FIFA, présent à Nouakchott, a d’ailleurs loué le consensus auquel ont abouti les candidats : « l’accord obtenu par les candidats est un signal fort pour l’Afrique, également pour le monde. L’Afrique est présente et constitue un acteur essentiel pour l’avenir du football mondial. C’est également le signe de l’unité et de l’engagement d’amener le football africain au plus haut niveau, c’est-à-dire à la place qui est la sienne ». L’implication de Gianni Infantino est pourtant analysée sous le prisme du néocolonialisme par certains observateurs.
« Il y a quelque chose qui est important pour Gianni Infantino, c’est l’élection de la FIFA l’année prochaine. Il aura besoin de l’Afrique qui compte plus de voix que l’Europe. Sans l’Afrique il n’a aucune chance de gagner. C’est purement du néocolonialisme ce qui se passe au niveau du football Africain », a déclaré Hervé Penot, journaliste au quotidien sportif français « L’Equipe ». « Aujourd’hui il y a de grosses difficultés financières à la CAF. La FIFA se dit qu’avec le multimilliardaire sud-africain, la CAF saura trouver l’argent pour se relancer. Il y a aussi la CAN tous les 4 ans souhaitée par Infantino », a-t-il poursuivi. Cette thèse est confortée par l’image du grand ami de l’Afrique que s’est attribuée Gianni Infantino, permanemment en visite sur le continent dès la veille de l’ouverture du Championnat d’Afrique des nations Cameroun 2020. Le président de la FIFA a été reçu par les chefs d’Etat à qui il a déroulé un ambitieux programme de développement du football sur le continent.