La justice interne de l’instance faîtière du foot mondial interdit au président de la Confédération africaine de football (Caf) d’exercer, durant cinq ans, toute activité relative à ce sport. Une peine assortie d’une amende de 200.000 francs suisses, soit 121 milliards F CFA. Ahmad Ahmad (60 ans) est jugé coupable d’avoir enfreint les articles 15 (devoir de loyauté), 20 (acceptation et distribution de cadeaux et autres avantages) et 25 (abus de pouvoir) de l’édition 2020 du Code d’éthique de la Fifa ainsi que de l’article 28 (détournement de fonds) de sa version 2018. « Il n’y a pas une grosse surprise. C’était dans les tuyaux.
D’autant plus que les présidents des fédérations sénégalaise et mauritanienne de foot, proches d’Ahmad, ont annoncé leur candidature à la présidence de la Caf », commente Salif Diallo u de nos confrères de l’Agence de Presse Sénégalaise (APS). L’équipe de communication de l’ancien homme politique malgache soutient que la sentence « n’a pas été rendue de façon juste et impartiale ». C’est la raison pour laquelle, les conseils d’Ahmad ont introduit, dans la foulée, un recours auprès du Tribunal arbitral du sport (Tas). Mais pour M. Diallo, journaliste sportif, « il n’y a pas de fumée sans feu ». En tout cas, la déchéance de ce dirigeant, qui promettait il y a peu « de changer (le) mode de gouvernance » de la Caf, est éclair.
Les pistes de sa déchéance
Dans son enquête, la Commission d’éthique de la Fifa a notamment affirmé qu’Ahmad a organisé un pèlerinage à la Mecque (Oumra) aux frais de la Caf. Ce voyage, ayant eu lieu durant le Ramadan 2018, aurait nécessité un peu plus de 100 mille dollars (54 milliards F CFA) d’après la presse sportive. La délégation était composée du Malgache, de deux membres de son cabinet et de quinze présidents de fédérations africaines. « Est-ce qu’on doit utiliser l’argent public à des fins privées ? », s’interroge une certaine opinion. Bien sûr que non ! Mais dans la sphère footballistique, la rumeur d’un complot ourdi par Gianni Infantino, le patron de la FIFA, se répand à la vitesse d’un ballon. « Les juges sont partis des faits. Jusqu’à la preuve du contraire, la Commission d’éthique de la FIFA est indépendante. C’est elle qui avait sanctionné Michel Platini et Sepp Blatter », rappelle ce membre de l’Association Nationale de la Presse Sportive du Sénégal (ANPS). A l’ère du foot business, les confédérations gèrent des budgets mirobolants grâce notamment à la cession des droits TV pour les compétitions internationales que s’arrachent surtout les chaînes spécialisées. « Dans un passé récent, ceux qui s’occupaient du sport au Sénégal avaient du temps. Car ils ne travaillaient pas. Maintenant, il y a des milliards en jeu. Et cela attire forcément d’autres profils », explique Salif Diallo. En effet, l’âpreté de la concurrence dans les élections au niveau des instances nationales et internationales est un indicateur de l’attractivité exponentielle de ces postes. « Il y a de plus en plus d’argent. Si l’on ne met pas en place des mécanismes qui permettent de bien gérer ces fonds, il y aura toujours des suspicions », prévient M. Diallo. Ahmad Ahmad a été élu président de la CAF lors de l’Assemblée générale tenue le 16 mars 2017 à Addis Abeba (Ethiopie). A la surprise générale, le président de la Fédération Malgache de Football (FMF) avait récolté 34 voix contre 20 pour Issa Hayatou. « A un mois du vote, j’ai discuté avec Hayatou en marge de la CAN U20 à Lusaka (Zambie). Il n’était pas inquiet pour sa réélection. Pour lui, il allait gagner largement. La victoire d’Ahmad a été une vraie surprise », se souvient ce journaliste chevronnée. Sauf un rebondissement dans cette affaire, une nouvelle page s’ouvre pour le foot continental. M. Ahmad aura quand même mis en œuvre de profondes réformes à la CAF.