Le ministre délégué à la présidence chargé des marchés publics s’est rendu à Garoua le 12 juin dernier. Au menu de cette visité d’évaluation de deux jours, des mesures nouvelles prescrites par M. Abba Sadou.
La pression est montée d’un cran sur les entreprises en charge de l’exécution des travaux d’infrastructures dans la ville de Garoua dans la perspective de la Coupe d’Afrique des Nations 2019. En effet, au menu de ces deux jours de visite, les principaux chantiers de la ville ont fait l’objet de constats préoccupants.Le ministre a tout de même assuré que des évaluations auront désormais lieu toutes les deux semaines, jusqu’à la livraison des équipements attendus.
Il faut dire que le contexte est spécial au vu du cahier des charges.L’évènement pivot qu’est la CAN 2019, met en relief des délais à respecter, et des articulations singulières, pour la réalisation des divers chantiers. En outre, pas moins d’une quinzaine de chantiers ont été visités par la délégation d’Abba Sadou, des hôtels et stades de la CAN aux logements sociaux en passant par les travaux de voirie. Toutes infrastructures vitales pour la réussite de l’évènement. La même constance est toutefois notée : les travaux connaissent un grand retard par rapport aux délais de livraison. Certains ont même déjà bénéficié d’une ou deux rallonges, et ne sont toujours pas terminés.
Bien que les raisons diffèrent évidemment d’un ouvrage à l’autre, M. Abba Sadou a privilégié une approche pédagogue et réaliste, en se montrant à l’écoute tant des entreprises que des missions de contrôle instituées.
Par ailleurs, les principaux problèmes soulevés tournaient autour de la main d’œuvre, de la logistique, l’agrément des sous-traitants, de la programmation des opérations et bien sûr des paiements des décomptes, Abba Sadou et les experts du marchés publics ont instruit des dispositions correctives, en insistant notamment sur la révision des rétro-plannings, l’augmentation des effectifs et leur meilleur traitement, l’instauration ou le renforcement du travail de nuit, pour ne citer que ceux-là. Et si des divergences évidentes sont souvent apparues entre les entreprises et leurs missions de contrôle, le ministre Abba Sadou a rappelé que l’évènement historique qu’est la CAN oblige à fédérer les énergies et à travailler en équipe car comme pour tout match de football, la réussite ou l’échec seront d’abord collectifs. Et que le cas échéant, la main du gouvernement ne tremblera pas pour sanctionner les manquements.
Tout au plus, cette visite d’évaluation est rentrée dans des circonstances particulières avec le décret du 12 juin dernier pris par le Chef de l’Etat Paul Biya, portant sur les règles applicables aux marchés publics des entreprises. Ces textes mettent en exergue des changements notables en termes de délai, de la qualité des prestations et du coût, pour autant que les spécificités de la commande le requièrent. À l’article 5 du nouveau décret, le ministère des Marchés publics exercera les missions assignées par le texte présidentiel. Il s’agit notamment de la participation, à travers son représentant au Comité d’arbitrage et d’examen des recours, instance hautement utile à la sauvegarde de la gouvernance. Par ces décrets, le Président de la république a reconduit la confiance assignée aux missions que doivent remplir le ministère des marchés publics.Il convient également de noter que le code des marchés publics ne s’applique plus à ces entreprises. Autre leçon, découlant elle aussi de la loi évoquée, les organes dirigeants de ces entreprises, et particulièrement le conseil d’administration qui se voit désormais doter de pouvoirs étendus en matière de passation des marchés publics, parce qu’il lui revient désormais, à partir d’une résolution, de préciser les modalités d’organisation et de fonctionnement de la commission interne de passation des marchés, la désignation des membres et l’évaluation des différentes offres. Quinze jours peuvent désormais suffire pour lancer une consultation, recevoir les offres et procéder à leur dépouillement.
Bien plus, ce ministère, dont on souligne que l’action aura fortement contribué à faire baisser le phénomène des chantiers abandonnés a en outre la possibilité d’effectuer des contrôles inopinés sur les chantiers, vérifier la régularité de certains marchés passés par les instances compétentes. Concernant la transparence et de la lutte contre la corruption, de nombreuses sanctions sont introduites. Celles-ci ne concernent pas uniquement les soumissionnaires, puisque la responsabilité des organes dirigeants peut être engagée dans certains cas.