Le comité exécutif de la Confédération africaine de football se réuni ce 14 février pour entériner la feuille de route 2020-2021 qui prendra en compte les différentes recommandations prises avant et pendant le partenariat de six mois avec la FIFA.
L’histoire d’amour entre la Confédération africaine de football (CAF) et la Fédération internationale de football association (FIFA), connaîtra une importante borne à l’occasion de la Saint Valentin. Après la fin de la mission de six mois de la Secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samoura, la CAF entend poursuivre sa collaboration avec l’instance mondiale à travers une commission ad hoc sur les domaines de l’arbitrage et le développement des compétitions et infrastructures. De toute évidence la CAF souhaite prendre un nouveau départ, loin des vieux démons du scandale, de l’amateurisme et de l’improvisation.
Ce 14 février, la CAF entend « continuer dans la voie des réformes et ainsi hisser la CAF aux meilleurs standards internationaux. La conduite du changement après plusieurs décennies de gestion artisanale ne peut se concrétiser en quelques semaines. Le comité Exécutif est résolu à finaliser la transformation de la CAF pendant son mandat », selon un communiqué. « Les réformes structurelles de la CAF continueront donc malgré les tentatives de dérailler ce processus par presse interposée », déplorent les responsables du football africain.
Fin de la gestion familiale
Face à ce qu’il qualifie d’ « allégations mensongères et non fondées répandues dans la presse et sur les réseaux sociaux », le comité exécutif de la CAF a publié un communiqué officiel de recadrage sur le contexte des assises du 14 février. « Conscient des lacunes dans la gestion des affaires de la CAF, leg d’une gestion familiale de plus de 30 ans, le Comité Exécutif avait entériné le lancement d’un audit général le 11 avril 2019. C’est également le Comité Exécutif de la CAF qui a demandé à la FIFA de mettre en place un partenariat de 6 mois afin d’accélérer les réformes entamées », annonce le communiqué. L’équipe d’Ahmad Ahmad semble rejeter l’entièreté de la responsabilité des crises observées dans la gestion de la CAF sur l’administration du Camerounais Issa Hayatou.
Considérant que plusieurs scandales ont éclaté après le départ en 2017 du compatriote de Samuel Eto’o Fils, il y a lieu de s’interroger. Un tour rétrospectif sur la gestion de la CAF permettrait sans doute de se faire une idée plus nette.
La CAF et ses crises
2019. Plusieurs membres du Comité exécutif sont arrêtés par la justice et/ou parfois exclus du monde du football par la FIFA. Le Secrétaire général de la Confédération, Amr Fahmy, est viré. L’Égyptien a envoyé au comité d’éthique de la FIFA un dossier contre son patron. Ahmad Ahmad y est pêle-mêle accusé d’abus de pouvoir, de harcèlement sexuel… En juin à Paris, il est entendu par la justice locale pour un contrat passé avec une entreprise française. Fraichement réélu, Gianni Infantino décide de reprendre les choses en main. Il dépêche Fatma Samoura pour une mission de six mois en Afrique. Le cabinet PwC mène par ailleurs un audit sur le fonctionnement de l’institution basée au Caire, de 2015 à 2018. Soit de la fin des années Hayatou au début du mandat d’Ahmad. Les conclusions des auditeurs donnent l’image d’un organisme gangréné et à la dérive.
2017-2018. Cette période est marquée par la victoire d’Ahmad Ahmad, soutenu par Gianni Infantino. Avec seulement 20 voix contre 34 pour Ahmad Ahmad, Issa Hayatou accuse l’envoyée de la FIFA Fatma Samoura d’avoir battu campagne contre lui. Ahmad Ahmad pour tourner la page Hayatou, met en route de réformes en cascade. Refonte de la Coupe d’Afrique des nations avec un passage de 16 à 24 équipes, réorganisation des services administratifs de la CAF, remise en cause du contrat avec la Société Lagardère Sports…
2015-2016. Le « Fifagate ». Issa Ayatou, le patron du foot africain doit assurer l’intérim à la tête de la FIFA, en sa qualité de vice-président le plus âgé. L’omnipotent président de la FIFA, Joseph Blatter, a en effet démissionné le 2 juin 2015, suite à une incroyable série de scandales, survenue juste avant sa réélection. La CAF et ses membres sortent toutefois relativement épargnés de ce chaos indescriptible. Issa Hayatou conduit ainsi l’institution jusqu’à l’élection du successeur de Blatter, prévue le 26 février 2016. Gianni Infantino, Secrétaire général de l’UEFA et candidate à la présidence de la FIFA, n’est pas franchement le bienvenu. La CAF apporte son soutien à Cheikh Salman Bin Ebrahim Al Khalifa de Bahreïn. À la surprise générale, Gianni Infantino, qui a bâti sa campagne sur des promesses de réforme et de transparence, est élu président et souhaite en finir avec le système Blatter dont Hayatou est devenu un élément essentiel.
À la lumière de ce bref historique, Ahmad Ahmad et Gianni Infantino, deux amis d’hier doivent tirer le meilleur de la Saint Valentin pour regarder dans la direction pour le bonheur du football africain.