Le processus électoral rondement mené au sein de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), porte incontestablement la marque d’un homme : Gilbert Schlick. Ce juge métis, de père Allemand et de mère Camerounaise, qui préfère l’action à la parole vient d’ajouter une nouvelle ligne à sa forte réputation. Déjà célèbre par l’acquittement prononcé en mai 2012 en faveur de Jean-Marie Atangana Mebara, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, pour « faits non établis » dans l’affaire Albatros, il a innové lors de l’Assemblée générale de la Fecafoot en sortant le bulletin unique.
Gilbert Schlick, dit « l’incorruptible » vit dans le bulletin unique, l’opportunité d’offrir à tous les candidats un accès plus équitable à l’élection. Face à la montée d’adrénaline chez le candidat Samuel Eto’o, Gilbert Schlick est resté impassible. Favorable à la sauvegarde de l’intérêt général, il intégra les exigences de l’ancien international camerounais qui prêtait d’immenses intentions de fraude à Seidou Mbombo Njoya, président par intérim de la Fecafoot, protégé d’hier devenu son grand rival.
En 2018, Samuel Eto’o avait soutenu la candidature de Seidou Mbombo Njoya, mais il avait fait part de sa « déception » : les promesses faites il y a trois ans par l’actuel président « me paraissaient digne d’intérêt pour l’avenir de notre pays », s’était-il justifié. Trois ans plus tard, le double vainqueur de la Ligue des champions avec le FC Barcelone constate alors la faillite de son ancien allié et décide de prendre les choses en main. « On n’est jamais mieux servi que par soi-même » !
Lors du dépôt de sa candidature, le 17 novembre, Samuel Eto’o, passé également par Chelsea et le Real Madrid avant de raccrocher ses crampons en 2019, avait assuré qu’il serait le prochain président de la Fecafoot « malgré les tricheries ». Le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) et des Lions Indomptables du Cameroun avait expliqué que l’équipe sortante lui avait proposé le poste de vice-président, poste qu’il avait refusé.
C’est dans cette ambiance électrique que s’est tenue l’assemblée générale élective du 11 décembre 2021. Sous la pression du public acquis à la cause de la légende vivante du ballon rond, Gilbert Schlick eut une autre idée lumineuse : diffuser en direct le déroulement des élections. Seul moyen de prendre à témoin un peuple camerounais pour lequel le football est sacré, surtout à la veille de la 33e édition de la CAN. Pour l’identité du diffuseur, y avait-il mieux que la CRTV, la mère des chaînes de télévision ?
Une fois de plus, l’Office national de radiodiffusion a été le canal privilégié de retransmission d’un autre grand moment de l’histoire du football camerounais. Le temps de l’élection du président la Fecafoot, les Camerounais se sont arrêtés et la CRTV est revenue au cœur de la nation. Au bout du compte, la volonté du peuple fut respectée. 43 voix pour Samuel Eto’o contre 31 pour Seidou Mbombo Njoya qui, prenant acte de sa défaite, souhaita « plein succès à la nouvelle équipe ». Belle leçon de démocratie.