La polémique créée suite à la campagne lancée pour administrer le vaccin contre col du l’utérus aux jeunes filles du Cameroun a poussé le gouvernement à revoir sa position. Dans une note adressée aux délégués régionaux, le ministre des Enseignements secondaires informe que l’administration du vaccin n’est pas obligatoire. Les jeunes filles qui s’opposent à l’administration de ce vaccin de doivent pas être interdites des classes.
« Faisant suite aux très hautes prescriptions du chef de l’Etat relativement à l’administration du vaccin contre le cancer du col de l’utérus administré aux jeunes filles âgées de 9 à 15 ans, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir informer les chefs d’établissements de votre territoire de compétence, que ledit vaccin revêt d’un caractère non obligatoire et de ce fait ne saurait être une condition pour l’admission des jeunes filles dans les établissements scolaires. J’attache un grand prix à la stricte application de cette instruction », indique la note du ministre Pauline Nalova Lyonga Egbe.
Le refus de l’église catholique
Le jeudi 05 novembre 2020, dans un communiqué, l’évêque du diocèse de Nkongsamba interdit le vaccin contre le cancer du col dans ses écoles et formations sanitaires : « Je viens par la présente, de façon formelle, vous demander de vous garder de soumettre nos enfants à ce vaccin en attendant que les évêques du Cameroun puissent donner leur accord de façon claire et officielle.», écrit-il.
Par conséquent, « aucune équipe médicale pour la cause ne doit être admise dans nos structures diocésaines (écoles, collèges, formations sanitaires, églises…) jusqu’à nouvel avis. » Bien avant le diocèse de Nkongsamba, le vicaire général du diocèse d’Obala, dans la région du Centre du Cameroun, s’est opposé à l’administration du Gardasil. Pour justifier le refus du Gardasil, le père Luc Onambélé a avancé plusieurs raisons. Selon lui, le vaccin disponible contre le VPH ou Papillomavirus humain « est uniquement efficace contre les lésions pré cancérigènes de types 16 et 18 du VPH et non des 15 autres environ ».
Polémique partie d’une décision du MINEDUB
La décision du ministère de l’éducation d’inoculer le HPV afin de prémunir les futures mères de famille d’une éventuelle évolution des cellules tumorales, avait eu l’effet d’une bombe. Par correspondance datée du 22 juin 2020, le ministre de l’éducation de base (Minedub) avait saisi les délégués régionaux de son département ministériel de sa décision d’autoriser l’administration aux élèves filles âgées de 9 ans du vaccin contre le cancer du col de l’utérus et les pathologies liées au papillomavirus humain (cause du cancer du col de l’utérus). Dans le courrier par ailleurs disponible sur différentes plateformes de communication, on apprenait alors que ces responsables de l’administration de l’éducation sont invités à prendre les dispositions nécessaires pour le succès du projet qui fait rentrer le HPV dans le programme élargi de vaccination (PEV). De plus, dans le document signé de dame Vivian Asheri Kilo, secrétaire d’Etat à l’éducation de base pour le compte du Minedub et par délégation, il y est dit que la campagne allait débuter le 23 septembre, à la rentrée scolaire 2020-2021 reportée plutôt le 05 octobre. 339 908 enfants sont ainsi ciblées.
Bien évidemment, cette information a fait l’effet d’une avalanche, un déferlement de questions ; bref, un vent de panique s’est emparé des populations et pour cause, plusieurs parents ne sont presque pas informés de l’initiative du Minedub qui a été annoncé pour le mois de septembre 2020 ; des craintes liées aux effets secondaires ont également été relevées au regard de l’actualité sur les vaccins. Or pour certains responsables de la santé, cette campagne aurait dû obtenir l’adhésion de la population. Ils rappellent que la pratique de la vaccination est connue et appliquée de tous pour d’autres pathologie (paludisme, diphtérie, tuberculose, etc.) ; que le fait d’inoculer des antigènes vise à prévenir le développement d’une maladie sinon d’en atténuer les effets. Selon les explications du Pr Paul Ndom, oncologue, pour ce qui est spécifiquement du HPV, le vaccin permet entre autres d’éviter les situations de stérilité, et de mort au pire des cas. Les experts de la table du mois de mars 2020 échangeant sur cette question ont expliqué que le vaccin peut réduire le taux de mortalité chez les humains et d’aller en dessous des 40% du taux d’affection au cancer du col chez les femmes au Cameroun. L’organisation mondiale de la santé (Oms) estime à plus de 2356 nouveaux cas et près de 1546 décès enregistrés au Cameroun en 2018.
Afin justement de tirer cette situation qui secoue la communauté éducative, il a été décidé de mener une enquête qui a conduit dans les services du ministère de la santé, du Ministère de l’éducation de base et du ministère en charge des enseignements secondaires.