Abandonnée par son épouse pour éviter la honte d’être l’épouse d’un violeur récidiviste, un homme en mal de proie se jette sur sa fille de 9 ans la viole et lui transmet le VIH/SIDA. L’affaire a été dévoilée le 26 juin 2020.
La ville de Douala comme la plus part des villes du Cameroun regorge pourtant d’une multitude de femmes célibataires en quête de ce « partenaire » avec qui convoler en justes noces : mais celles-ci semblent invisibles pour le sieur Mahop qui n’a vu pour femme que sa propre fille de 9 ans. Du haut de ses 65 ans, sa réputation de «prédateur » suit l’homme comme son ombre dans l’entourage familial comme dans le voisinage : ce qui semble être à l’origine du départ de son épouse il y a quelques années.
Longtemps impuni, il a fallu que sa nouvelle victime, sa propre fille Solange, se confie à « cœur ouvert » à une de ses cousines qui, ne pouvant supporter le « secret » souvent couvert par la famille donnera un coup de pied dans la fourmilière. Interpellé et mis à la disposition de la police judiciaire à Douala pour besoins d’enquêtes, le coupable devra répondre de ses actes.
En attendant son jugement, l’affaire se complique avec de nouveaux éléments apportés par la gamine dont la sérologie est positive au VIH/SIDA. De réconfort et d’accompagnement, Solange en aura besoin au quotidien pour porter cette lourde charge que lui impose le destin : puisse la main de Dieu lui être disponible pour apaiser ses douleurs.
Des épisodes malsains se multiplient
En janvier 2020, Kevin Mbouma placé en garde à vue à la Brigade de recherches de Bonabéri dans le quatrième arrondissement de Douala. L’homme est un instituteur dans un établissement de Bonabomè. Il est accusé d’avoir violé 18 filles âgées entre 10 et 14 ans, écolières dans l’établissement ou il travaille. L’intéressé est passé aux aveux complets au cours de son interrogatoire par les gendarmes, renseigne radio Equinoxe le 7 janvier 2020. L’on ne peut rien dire des circonstances de ce scandale, ni de sa motivation mais les enquêtes se poursuivent et devraient permettre d’avoir plus d’informations y relatives. Les victimes doivent en attendant subir des examens approfondis
Plus récemment, une fillette de 4 ans violée à Douala par un homme de 25 ans avec la complicité de la maîtresse de maison. Les faits se sont déroulés au quartier Logbaba dans la capitale économique du Cameroun le 22 juin 2020. Le suspect, un homme de 25 ans environ, s’est enfui avec la complicité de la maîtresse de maison. Celle-ci a été embarquée par les policiers du 11eme arrondissement venus enquêter.
Les associations féminines dénoncent les viols et abus sexuels sur les filles et femme
« Le bourreau peut être le frère ainé, ça peut être un oncle », c’est ainsi que Victorine Sehi Geguidé, présente l’une des faces cachées des viols et abus sexuels sur les filles et femmes au Cameroun. Ce jour, Victorine dirige un atelier d’échanges sur les victimes des violences sexuelles dans le 2ème arrondissement de Yaoundé.
A l’occasion, la parole se libère. Et les femmes responsables d’associations témoignent sur l’ampleur du phénomène.
« Nous avons eu une jeune fille qui a été violée par son oncle paternel, elle a eu un bébé de lui, mais nous avons eu vent de ce cas, nous l’avons suivi, nous avons eu un grand frein au niveau de la famille, qui a estimé que le linge sale devait se laver au sein de la famille. Avec la peur, la honte du qu’en dira-t-on, ils ont déplacé la fille pour qu’on n’ait plus de traces d’elle, » a confié à nos confrères de VOA Afrique, Jeanne Ntolo, de l’Association femmes autonomes de la briqueterie, un quartier populaire de la capitale. Les jeunes filles scolarisées font aussi partie des victimes de viols et d’abus sexuels. Mais, elles optent très souvent pour le silence.
« Nous avons un stagiaire qui a repéré le cas d’une élève qui est victime d’un abus sexuel, de harcèlement, ça ressort de son tuteur, elle vit avec sa mère qui est mariée à un autre homme, et cet homme la harcèle sexuellement. Nous avons ce cas actuellement, nous sommes encore sur le dossier, » a expliqué à l’assistance, Fadimatou Nana, conseillère d’orientation principale au lycée technique de Yaoundé.
Selon une récente étude de santé publique, sur une population de 37.719 filles et femmes camerounaises, 5,2% ont été victimes de viols, et près qu’un quart avait moins de 10 ans au moment du viol.
« C’est le voisin qui abuse, c’est le père qui abuse, c’est le camarade de classe qui abuse, c’est l’inconnu aussi qui abuse de petites filles. On recense tous ces cas-là chaque année et beaucoup plus dans le cadre du projet en cours en partenariat avec l’Unicef sur les violences faites aux mineurs », souligne Clarisse Otele, une assistante sociale qui travaille pour l’association de lutte contre les violences faites aux femmes. Co-fondatrice de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes, Elise Pierrette Mpoung Meno, estime que les résultats de leur combat sont encore mitigés au Cameroun même si elle note des avancées. La co-fondatrice de de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes ajoute : « on n’a pas eu de lois spécifiques contre les violences faites aux femmes, on a travaillé dans le code de la famille, on n’a toujours pas vu ce code validé ».
Dans un film documentaire intitulé « les prisonnières du silence », projeté en avant-première le 02 mars 2020 à Douala, trois jeunes camerounaises ont témoigné, sur les viols et abus sexuels dont elles ont été victimes. La productrice, Laetitia Tonye Loé, une jeune camerounaise, a elle-même été victime d’abus sexuel.