L’interdiction de scolariser les filles enceintes a été annulée le 30 mars 2020 à la suite d’une lutte acharnée remportée par les militants des droits de l’Homme, au bout de cinq années de combat.
Dans un communiqué publié le 30 mars, le ministère de l’Education s’est exécuté pour accomplir « un premier pas sur la voie d’une Sierra Leone résolument inclusive où tous les enfants pourront vivre et apprendre en toute sécurité et en toute dignité », a annoncé le ministre David Sengeh. Judy Gitau, coordinatrice pour l’Afrique du groupe de défense des droits des femmes « Equality Now », qui a travaillé avec le gouvernement, a déclaré que la politique de sécurité qui accompagnera l’application de la décision comprendra des mesures pour protéger les filles contre la violence sexuelles. Si la levée du verrou sur la scolarisation des filles enceintes est d’application immédiate, les personnes concernées devraient au moins attendre la prochaine rentrée scolaire. Avec cette décision, le pays tourne une page douloureuse de son histoire.
Au-delà de la fièvre Ebola
Introduite en 2015, la requête des groupes de défense des droits de l’Homme visant à bannir l’interdiction de la scolarisation des filles enceintes est née d’un constat de la recrudescence des viols, abus sexuels et de la prostitution liées à la pauvreté créée par le passage dévastateur de la fièvre hémorragique Ebola.
La pandémie a fait de milliers d’orphelins et un grand nombre d’adolescentes s’étaient exposées à la débauche pour garantir leur survie. A l’époque, plus de 14 000 filles étaient concernées selon les statistiques de l’Organisation des Nations unies (ONU). Le gouvernement les avait exclues du système scolaire en brandissant l’argument du stress qu’elles devaient gérer au sein des établissements avec le regard des autres.
Des groupes de la société civile, défenseurs des droits de l’Homme avaient opposé la stigmatisation et surtout le droit à l’éducation et saisi des juridictions nationales, puis régionales pour avoir finalement gain de cause. C’est en décembre 2019 que la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a rendu sa décision et ordonné la levée immédiate de l’interdiction.
Cinq ans après l’introduction de la requête, le gouvernement de Sierra Leone a mis fin à l’interdiction de la scolarisation des filles enceintes sur la base d’une décision de justice. Cette décision pourrait faire tâche d’huile sur le continent africain.
Quelle est la situation au Cameroun ?
La scolarisation de la fille enceinte est encadrée par une circulaire du ministère des enseignements secondaires (Minesec). « Toute lycéenne qui présente des signes extérieurs de grossesse, sera suspendue des cours et ne sera réadmise que si, après la délivrance, elle satisfait aux conditions d’âge et de conduite », tranche la note circulaire n° 10/1/562/MINESEC/EPM/EP. Elle ne sanctionne pas seulement la jeune fille. « Tout lycéen reconnu auteur d’une grossesse, sera également suspendu des cours dans n’importe quel établissement scolaire public, jusqu’à l’accouchement de sa partenaire », stipule le même texte. Egalité oblige !
L’on remarque toutefois que les chances d’un retour à l’école de la jeune fille après une maternité, sont très faibles. Les actions menées par le gouvernement, les organisations de la société civile, et surtout le Cercle des amis du Cameroun et sa présidente fondatrice, Madame Chantal Biya, concourent à la réduction de cette fracture à sa plus simple expression.