La sortie d’Emmanuel Macron, interpellé samedi dernier par un activiste camerounais au Salon de l’agriculture de Paris, continue d’alimenter les conversations. Les jeunes se sont mobilisés le 24 février 2020 à Yaoundé, à la suite des réactions promptes du gouvernement et de la Présidence de la République.
La quasi-totalité des journaux paraissant à Yaoundé a traité du sujet, avec évidemment des lectures qui divergent selon les lignes éditoriales. Par ailleurs une manifestation a eu lieu devant l’ambassade de France à Yaoundé. Entre 400 et 600 personnes, selon une estimation de la police et de la gendarmerie, étaient mobilisées à la mi-journée à l’entrée de l’ambassade de France, pour protester contre l’attitude du président français Emmanuel Macron.
La plupart des manifestants portaient des drapeaux du Cameroun tandis que d’autres brandissaient des pancartes hostiles au président français.
Le quotidien Le Messager dans sa livraison barre sa Une avec le titre interrogateur « Cameroun, qui gouverne ? » parle des pressions extérieures après les révélations du président Macron interpellé par un activiste camerounais au salon de l’agriculture de Paris. Le journal écrit que le président français a confessé que c’est sous sa dictée que le chef de l’État camerounais a libéré Maurice Kamto et ses co-accusés. Or il n’en ai rien, puisque S.E Paul Biya a toujours u agir avec sagesse.
Le quotidien Émergence, dans la même veine, souligne qu’Emmanuel Macron a « humilié » Paul Biya, en dévoilant ainsi sans façon le contenu de ses échanges avec son homologue camerounais. Ce qui s’apparente à une provocation de Paris, donc brouille diplomatique.
Le quotidien Le Jour essaie de décrypter le message du président français et s’interroge : « À quoi joue la France ? » Et de rappeler qu’Emmanuel Macron a été un des seuls chefs d’État occidentaux à avoir adressé ses félicitations à Paul Biya après la présidentielle d’octobre 2018.
« Macron l’immature », titre l’hebdomadaire Repères. Dans un éditorial au vitriol, le confrère estime que le président français a trahi les honneurs de sa fonction en violant les codes non écrits qui encadrent la parole d’un chef d’État. Et ce journal de lui conseiller la lecture du livre Un président ne devrait pas dire ça, de Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
Enfin l’hebdomadaire La Météo constate que « Macron met les Camerounais en colère ». Et de conclure que les propos du président français ne sont pas seulement une injure contre Paul Biya mais aussi une attaque en règle à la souveraineté du Cameroun.
La jeunesse a réagi comme il se doit
Ils étaient près d’un millier de jeunes gens, filles et garçons, à prendre d’assaut l’esplanade de l’ambassade de France au quartier Olezoa, à Yaoundé. Du coup, au niveau du tronçon qui va de la chapelle au Monument de la Réunification, en traversant l’ambassade, la circulation était hyper filtrée, et même interdite aux véhicules. Gendarmes et policiers veillent au grain. Devant l’ambassade, des jeunes reprennent en chœur des chants de ralliement ; ils brandissent leurs drapeaux larges ou miniaturisés, scandent le nom de Paul Biya.
Le tout, sous les regards approbateurs des populations voisines et des passants. Ces jeunes sont venus protester contre les propos du président de la République française, Emmanuel Macron, qualifiés par la plupart de « discourtois ». « Nous sommes venus ici pour condamner les paroles du président français, à l’endroit du nôtre. Nous sommes là pour témoigner notre soutien au chef de l’Etat, notre patriarche, et réaffirmer l’indépendance et la souveraineté du Cameroun », déclare Stéphane M., étudiant à l’université de Yaoundé II-Soa. Sous l’encadrement des forces de maintien de l’ordre déployées pour la circonstance, ces jeunes dont l’âge varie visiblement entre 20 et 35 ans, ont également réaffirmé leur attachement à la patrie, à la nation camerounaise, à travers la haute institution qu’est le président de la République, incarnée par Paul Biya.
Vêtus de t-shirts noirs aux couleurs nationales (vert, rouge et jaune), ils brandissent banderoles et pancartes. Sur ces supports, l’on peut lire : « M. Macron, c’est le président Biya notre seul président ». D’où le message de « soutien total et viscéral à notre président de la République » qu’affichaient les jeunes du département du Nyong-et-Mfoumou. Ces jeunes compatriotes ont par ailleurs rappelé que le Cameroun est un pays indépendant et par conséquent, souverain. Dès lors, il ne saurait être « la chasse gardée de quelqu’un », il n’est donc pas « un Dom-Tom ».
C’est donc dans cette optique qu’ils ont récusé « la nouvelle colonisation » ou le « paternalisme néocolonial », lequel peut conduire « à l’ingérence de la République française », a affirmé Marcel B., leader d’opinion. A travers leurs pancartes, ces jeunes ont réaffirmé le caractère « un et indivisible » du Cameroun. Fort de cette conviction, ils s’interrogent : « France, pourquoi portes-tu atteinte à mon futur en permettant le financement du terrorisme dans mon pays ? »