« Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis: celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas », révèle l’évangile selon Saint Marc, au quatorzième verset du chapitre 10. Présidé par le pape François, le chemin de croix avait pour trame : « Les enfants sont la porte d’entrée du royaume de Dieu ». Aucun fidèle, seules des grappes d’enfants accompagnant la croix au cœur d’une place saint-Pierre balisée de flambeaux, formant une grande croix lumineuse. Une Via Crucis 2021 tout aussi spectaculaire et inhabituelle que la précédente, en 2020.
Au milieu du parvis désert, tout en solennité, le pape François, se tenant sous l’auvent utilisé en temps normal pour les audiences générales, a présidé ce chemin de croix particulier, empreint de spontanéité, car ponctué de méditations rédigées avec candeur par les plus petits. Une résonnance spirituelle très forte sous le regard du Christ. En dehors du groupe d’enfants porteurs de la croix, entourés de religieuses et de catéchistes, la place saint-Pierre était vide. Le pape François n’a pas pris personnellement la parole, mis à part pour les prières de bénédiction. Dans la lumière de la nuit du vendredi saint, ont donc été lues ces quatorze méditations correspondant aux quatorze stations du chemin de croix. Ecrites par de jeunes scouts de Foligno en Ombrie, région du centre de l’Italie, et des enfants de la paroisse romaine des saints Martyrs de l’Ouganda, ces méditations ont retracé avec sincérité et fraîcheur les grands et petits drames quotidiens de l’enfance, à la lumière des étapes de la passion du Christ.
Solitude, exclusion, peur du noir, moqueries, générosité du don, préjugés, fardeau des secrets… La pureté du cœur et des vertus de l’enfance s’en est détachée, joliment mise en relief par des illustrations colorées réalisées par les enfants eux-mêmes, et diffusées sur écran au rythme des stations. « Cher Jésus, tu sais que, nous aussi les enfants, nous avons des croix qui ne sont ni plus légères ni plus lourdes que celles des grands, mais ce sont de véritables croix que nous sentons lourdes, même durant la nuit. Et toi seul le sais et les prends au sérieux. Toi seul », a-t-il été déclaré en introduction de la Via Crucis, avant une liste des grandes et petites humiliations qui marquent et parfois provoquent un traumatisme pour les petits, même si elles semblent parfois anecdotiques pour les grands : la peur du noir, la honte d’avoir fait pipi au lit, la dyslexie et les moqueries qu’elle peut engendrer à l’école, l’incompréhension face aux parents qui se disputent, la frustration de ne pas pouvoir accéder aux mêmes biens que les enfants de familles plus favorisées, ou encore le fardeau des secrets qui ne peuvent pas être dits.
Le chemin de croix des enfants s’est conclu en ces mots : « Seigneur, Père très bon, cette année encore nous avons fait mémoire de la Via Crucis de ton Fils Jésus, et nous l’avons faite avec les voix et les prières des enfants, que toi-même as données comme exemple pour entrer dans ton Royaume. Aide-nous à devenir comme eux, petits, nécessiteux de tout, ouverts à la vie. Fais que nous retrouvions la pureté du regard et du cœur. Nous te demandons de bénir et de protéger chaque enfant du monde, afin qu’il puisse grandir en âge, sagesse et grâce, pour connaître et suivre le projet du bien que tu as pensé pour chacun. Bénis aussi les parents et ceux qui collaborent avec eux dans l’éducation de tes enfants, pour qu’ils se sentent toujours unis à toi dans le don de la vie et de l’amour.»