Il est anglophone, et originaire du Nord-Ouest Cameroun. Un détail qui n’est pas anodin au regard de la crise dans les régions anglophones.
À 52 ans, Mbah Éric Mbah est le treizième bâtonnier élu de l’ordre des avocats du Cameroun. Son élection a mis un terme à un long intérim de près de 2 ans, depuis le décès en fonction de son prédécesseur, Me Charles Tchakounté Patie.
Son identité a été révélée au terme d’une assemblée générale marathon de 72 heures, émaillée de rebondissements et de moult tractations. Car au-delà des individus, les deux groupes linguistiques, anglophones et francophones qui font la particularité du Cameroun, se sont affrontés au cours de cette élection pour imposer le choix de l’un des leurs. Apres une assemblée pleine de rebondissements, ponctuées de moult tractations, le résultat finale affiche : Mbah Éric Mbah 1285 voix, Menong Philippe 969 voix, Ntoko justice 210 voix, Tijanji 70 voix. Me MBAH Éric MBAH a battu campagne sur les thématiques comme l’unité dans la diversité, la spécialisation des avocats ou encore le respect du barreau. Comme principal collaborateur, il aura Me Yves KLESS ( francophone) qui a été élu la veille au poste de Président de l’Assemblée générale, ouvrant ainsi la voie à l’élection d’un anglophone comme Bâtonnier selon une tradition non écrite en vigueur au Barreau du Cameroun.
Lors des deux précédents mandats, le barreau était à chaque fois sous le contrôle d’un francophone. Une « anomalie » que le groupe minoritaire anglophone souhaitait réparer, d’autant que le président de l’assemblée générale des avocats, élu deux jours plus tôt, est lui francophone.
Dans un pays aussi diversifié que le Cameroun, où la gestion des équilibres ethniques et sociologiques est très délicate, cette élection a du coup cristallisé l’attention de l’opinion. D’aucuns ne manquant de se rappeler que la crise actuelle dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est née fin 2016, après des revendications portées entre autres par des avocats anglophones.
Pour le nouveau bâtonnier en tout cas, la tache s’annonce ardue. À commencer par rassembler large, au-delà des clivages, et redynamiser ce corps essentiel à la promotion de la démocratie et des droits de l’homme et qui est en proie à diverses crises et difficultés, tel que souligné par ses prédécesseurs anciens bâtonniers, dans une note signée en avril dernier.
«Que les camerounais continuent à nous faire confiance. Nous sommes très courageux et allons toujours exercer dans la probité. Nous attendons de notre bâtonnier et ses collaborateurs, qu’ils assainissent d’abord les rapports avec les FMO (forces de maintien de l’ordre) et les autres corps de métier, ensuite, que notre profession redore le blason d’antan», déclare Me Tchakounte.
Me MBAH Éric MBAH est le septième bâtonnier anglophone de l’ordre des avocats originaires des régions anglophones. Après DINKA GORGI FORGUM de 1974 à 1982, Me Bernard MUNA de 1986 à 1992, Me Luke SENDZE de 1994 à 1997, Me AKERE TABENG MUNA de 1997 à 2002, Me Emmanuel ETA BESSONG de 2008 à 2012 et Me Francis SAMA de 2012 à 2015.