« J’ai la profonde douleur d’annoncer le décès de son éminence Christian cardinal Tumi, décès survenu le 3 avril 2021 », a annoncé Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, dans un communiqué diffusé sur les ondes de Radio Veritas, la radio de l’archidiocèse. Ces dernières années, le cardinal Tumi s’était notamment illustré par son combat pour la résolution de la crise qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Il a toujours joué la carte de la médiation malgré les incompréhensions que ce choix lui a values de la part des sécessionnistes. A deux reprises, il a été pris en otage par des séparatistes qui sèment terreur et désolation dans cette partie du pays.
Le 30 janvier 2021, alors qu’il faisait le trajet Kumbo – Bamenda pour accueillir le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat Saint-Siège, en visite au Cameroun, il a été retenu pendant trois heures par un groupe de terroristes. Quelques semaines plus tôt, le 5 novembre 2020, il a été enlevé, en compagnie de 11 autres personnes parmi lesquelles Fon Sehm Mbinglo II, le chef traditionnel des Nso dans la région du Nord-Ouest. Il sera vite libéré le jour suivant. Les sécessionnistes lui reprochaient toujours d’être trop proche du gouvernement. Apôtre de la paix, il est sorti de sa retraite pour s’engager dans la résolution de la crise. Il a proposé en 2018, avec des dignitaires protestants et musulmans, la tenue d’un « dialogue national ». Un an plus tard, il a exhorté les séparatistes anglophones à participer au « Grand dialogue national » convoqué par le président Paul Biya, les appelant à « déposer les armes » auprès des chefs traditionnels.
Le cardinal Tumi était l’unique cardinal de l’Eglise catholique romaine au Cameroun. Il laisse donc cette Eglise orpheline. Pour Mgr Kelda, celui qu’il appelle « notre cardinal », « notre père », « notre pasteur », était une grande personnalité que le Cameroun perd, un homme proche de gens, qui luttait pour la justice, non seulement pour son pays, mais pour l’Afrique et le monde entier. L’actuel archevêque de Douala a affirmé que le cardinal est mort de maladie. « Rendons grâce au Seigneur puisqu’il est parti, selon notre tradition, en ce temps si important qui est la semaine sainte, le temps pascal. Peut-être c’était cela son souhait », a indiqué Mgr Kleda, en hommage à cet illustre homme dévoué pour l’Eglise et pour son pays.
Christian Wiyghan Tumi était né le 15 octobre 1930 à Kikaikelaki, par Kumbo, département du Bui, région du Nord-Ouest. Après avoir été ordonné prêtre le 17 avril 1966 pour le diocèse de Buéa, il poursuivit sa formation en sciences de l’éducation au Nigéria puis à Londres, en Grande-Bretagne, en théologie à l’Institut catholique de Lyon, en France, où il obtint une licence. Plus tard, il alla faire des études de philosophie à l’Université de Fribourg, en Suisse, où il obtint un doctorat. De retour au Cameroun, il est nommé recteur du grand séminaire régional de Bambui dans l’archidiocèse de Bamenda. Nommé ensuite évêque de Yagoua le 6 décembre 1979, il est consacré le 6 janvier 1980 par le pape Jean-Paul II en personne. Le 19 novembre 1982, il devient archevêque coadjuteur de Garoua, diocèse dont il devient archevêque le 17 mars 1984, avant de devenir le 31 août 1991, archevêque de Douala. Il fut créé cardinal par le pape Jean-Paul II lors du consistoire du 28 juin 1988 avec le titre de cardinal-prêtre de Santi Martiri dell’Uganda a Poggio Ameno. Il assuma les fonctions du président de conférence épiscopale camerounaise de 1985 à 1991. C’est le 17 novembre 2009, à l’âge de 79 ans, que le cardinal Tumi se retira de sa charge pastorale pour laisser la place à son coadjuteur, Mgr Samuel Kleda. Avec le décès du cardinal Christian Tumi, qui n’était plus électeur, le collège des cardinaux est désormais constitué de 226 cardinaux, dont 126 électeurs et 100 non électeurs.