Le mouvement d’humeur initié par des détenus tout au long de la journée du 22 juillet 2019 sonnera-t-il définitivement la côte d’alerte ?
Après la mutinerie, le bilan. 177 détenus repérés parmi les meneurs et interpellés, selon le communiqué du gouvernement, signé le lendemain par le ministre de la Communication (Mincom), René Emmanuel Sadi. D’après le Mincom, on enregistre l’incendie de la bibliothèque de la prison, de l’atelier de couture des femmes et du bureau du responsable de la discipline des détenus, ainsi que le pillage des petits commerces internes au pénitencier. Des actes de vandalisme qui se greffent à l’agression par ces « insurgés » de deux détenus de « l’opération Epervier » dans leurs quartiers pénitentiaires. Ces derniers, blessés, ont immédiatement été pris en charge dans un centre hospitalier de la ville de Yaoundé.
« Le gouvernement tient, au demeurant, à louer le professionnalisme, la maîtrise et le sang-froid, avec lesquels, les Forces de sécurité ont su faire face à la situation et ramener le calme au sein de la prison, en usant des méthodes et des outils modernes de dissuasion», souligne le Mincom. Cette méthode curative, salutaire à la façon d’un sérum, n’a pas totalement convaincu le président de la République qui a prescrit la tenue d’une réunion présidée par le ministre de l’Administration territoriale (Minat) avec les autorités administratives de la région du Centre. Au cours de ces échanges du 25 juillet 2019, le Minat a répercuté les hautes directives de son mandant : « anticiper sur toutes les menaces susceptibles de perturber l’ordre public ». D’après le Minat, « les directives du président de la République consistent à relever le niveau de vigilance et renforcer la recherche du renseignement prévisionnel. […] Aucune activité insurrectionnelle ne doit prospérer ni à Yaoundé, ni ailleurs ».
Le sort des initiateurs de la mutinerie du 22 juillet, des manifestations signalées aux autorités en charge de la prison centrale de Kondengui comme une présentation de quelques doléances, est désormais entre les mains de la justice camerounaise. À la suite d’une enquête elle déterminera les infractions retenues au titre des poursuites à l’encontre des suspects contre qui les indices concordants seront réunis à la lumière du code pénal. Les peines à prononcer qu’il s’agisse de crime ou de délit étant laissées à la discrétion de la juridiction de jugement. Ceux qui sont en situation de détention préventive seront entendus dans le cadre d’un procès équitable avec toutes les garanties, notamment le droit à l’assistance d’un avocat et le bénéfice de la présomption d’innocence entre autres. Pour ceux définitivement condamnés, les sanctions et peines éventuelles susceptibles d’être prononcées contre les auteurs reconnus coupables de délits ou de crimes par les juridictions compétentes se cumuleront le cas échéant avec toute peine antérieure ; sous réserve des règles relatives au non cumul des peines prévues par le Code pénal qui s’appliqueront au cas par cas.