L’agent décisionnaire en service à la délégation régionale du Minfopra pour le Centre, est suspendu pour une période de trois mois. Pendant sa période de suspension, il ne pourra prétendre à sa rémunération mensuelle, « à l’exception des allocations familiales dont il est bénéficiaire », peut-on lire dans la décision ministérielle datée du 26 mars 2022.
Des sources dignes de foi au Minfopra ont confié que l’agent en question se faisait passer pour le « neveu » du ministre. Il prenait régulièrement de l’argent aux usagers et aux agents publics, en leur faisant croire qu’il pourrait leur délivrer certains services. « Le ministre a l’habitude de sanctionner. C’est juste que cette fois-ci, nous avons rendu cela public pour montrer à l’opinion publique que dès que le ministre est informé d’un cas de corruption ou de faute professionnelle, il sanctionne. On a au moins une vingtaine de sanctions chaque deux mois », confient nos sources.
Ce système de monnayage a notamment été dénoncé par les enseignants, qui observaient une grève depuis le 21 février dernier. Les seigneurs de la craie déplorent par exemple le fait qu’on leur demande des pots-de-vin au Minfopra pour un traitement diligent de leurs dossiers d’intégration. Ce, alors que le patron de ce département ministériel ne cesse de marteler que le service public est gratuit. « Cette sanction, bien qu’intervenant dans un contexte marqué par les revendications sociales des enseignants, est surtout liée au souci du respect des règles éthiques et de déontologie si chèrement défendues par le Minfopra ; lesquelles n’ont pas été respectées par ce personnel », tiennent à préciser nos sources.
Arnaques en tout genre
Joseph Le a plus d’une fois dénoncé ces pratiques au sein de son ministère, menaçant de sanction le personnel et invitant les usagers à dénoncer tout acte malveillant auprès de la Cellule de lutte contre la corruption du Minfopra, via son adresse mail ou son numéro de téléphone qu’il a mis à la disposition du public. Cette sanction survient alors que des enseignants, notamment ceux en cours d’intégration, sont arnaqués par des personnes à à « la moralité douteuse » qui leur promettent la célérité dans le traitement de leurs dossiers contre rémunération. Ce, au moment où le chef de l’État a notamment instruit la systématisation de la constitution des dossiers d’intégration des enseignants avant la fin de la formation et le traitement en urgence de ceux déjà recensés au Minfopra afin de répondre aux revendications formulées par les enseignants. « Ces individus malveillants contactent leurs victimes par voie téléphonique, en se faisant passer pour des collaborateurs du Minfopra. Dans cette opération mafieuse, les appels d’un certain Mbarga Ndongo Jean qui se sert du téléphone numéro 697391710 sont les plus récurrents », dénonce Joseph Le. « Ces pratiques inacceptables sont de nature à jeter l’anathème sur les personnels à pied d’œuvre dans le cadre d’une Initiative à résultats rapides initiée pour l’apurement, dans les meilleurs délais, de l’importante quantité de dossiers reçus de certaines administrations ces dernières semaines », ajoute le membre du gouvernement. Il appelle les concernés à ne pas accorder de crédit à ces « manœuvres éhontées » réprimées par la réglementation en vigueur.
Le MINFOPRA avait saisi le taureau par les cornes
Selon une note signée du ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative le 10 juin 2019, des personnels des délégations régionales du Centre et de l’Est avaient été suspendus pour actes contraires à l’éthique. Ils avaient été suspendus de l’organisation des concours administratifs entres autres. Il s’agissait des personnels des délégations régionales de la fonction publique et de la réforme administrative du Centre et de l’Est. Et ce pour une période de trois mois.
Le premier groupe écopera de sanctions pour manquement aux obligations professionnelles et acte de corruption. Les employés de la région de l’Est quant à eux ont commis des « actes contraires à l’éthique et à la déontologie » de la fonction publique.
Le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), Joseph Le avait instruit par ailleurs aux délégués régionaux de s’assurer du respect de ces mesures. Ces suspensions entrent en droite ligne du lancement officiel de la cellule anti-corruption du Minfopra il y’a trois ans exactement. A l’occasion de cette cérémonie Joseph Le avait invité ses collaborateurs à « mobiliser toutes les parties prenantes à s’investir mieux et davantage dans l’implémentation des axes stratégiques de lutte contre la corruption ».