La France envisage très sérieusement le rapatriement des étrangers installés dans son pays et responsables de troubles à l’ordre public. Ce rapatriement concerne surtout ceux qui représentent une menace sérieuse dans le trouble à la paix sociale. C’est dans ce sens que Gérald Darmanin, le ministre français de l’Intérieur, a adressé mercredi 30 septembre 2020, une correspondance aux préfets des départements. Rémy N’Gono, un animateur sportif camerounais qui vit en France, pourrait être l’une des premières victimes de cette nouvelle mesure. C’est moins ce qu’a affirmé jeudi, le chroniqueur dans un direct sur sa page Facebook.
«C’est mon dernier anniversaire en France et en terre étrangère » « Aujourd’hui, c’est mon dernier anniversaire en France et en terre étrangère. Le gouvernement français, par le biais de son ministre de l’Intérieur, m’a sommé de quitter leur pays. J’ai donc décidé de retourner dans mon pays le Cameroun, reprendre mon poste de directeur de la RTS, et le vrai », a-t-il annoncé.
Rémy Ngono vit en France depuis 16 ans. Avant de s’installer dans l’hexagone, il animait une émission satirique de grande écoute sur la Radio-télévision Siantou (Rts), première station privée du Cameroun. Au cours de ce programme, Remy avait pris l’habitude d’égratigner les ministres et le président de la République, Paul Biya. Connu pour son franc parlé
Si les auditeurs apprécient son franc parlé, les autorités, elles, l’aiment beaucoup moins. En 2003, il est condamné à six mois de prison pour appel à la rébellion, commentaires tendancieux et outrage au chef de l’Etat.
À sa libération, il quitte le Cameroun et est accueilli en France par la Maison des journalistes. C’est une association qui vient en aide et héberge des journalistes victimes de persécution dans leur pays. Alors qu’il devait être chroniqueur dans l’émission « N’ayons pas peur des mots » sur I-Télé, on lui propose plutôt d’être chroniqueur dans l’émission « N’ayons pas peur du foot » pendant la coupe du monde de football 2006. Depuis cette date, il devient journaliste sportif.
Portrait de l’homme
La quarantaine élégante, Rémy Ngono n’a pas peur des mots. Son surnom : Langue serpentine. Le verbe polémique et imagé qui fait aujourd’hui son succès dans le paysage audiovisuel français l’a pourtant amené à quitter son pays le Cameroun pour se réfugier en France, il y a presque six ans.
Le journaliste a commencé sa carrière en fondant l’une des premières radios privées, Siantou. S’il gagne plusieurs prix, son travail d’investigation l’amène à être condamné à la prison pour diffamation en août 2003, sans procès, sans autre raison que ses diatribes antigouvernementales. Dans sa cellule du « Kosovo », l’un des quartiers de la prison centrale de Yaoundé, Reporters sans frontières œuvre à sa libération. Mais à sa sortie de prison, une décision de justice l’interdit d’exercer son métier. Il s’envole donc pour Paris.
En France, une fois son permis de séjour en poche, Rémy Ngono doit se battre pour retrouver le monde du journalisme. Pas facile lorsque l’ANPE ne lui propose que des emplois de vigile ou de serveur. Lors de son séjour à la Maison des journalistes, il est repéré par iTélé qui le convie sur le plateau de l’émission « n’ayons pas peur des mots ». « Non seulement je n’ai pas peur des mots, mais j’emploie des mots qui font peur », s’amuse Rémy Ngono conscient de ce qui fait sa force. Très vite, de nombreux médias l’appellent. Dont RTL.
« Je ne suis pas réfugié sportif, je suis réfugié politique », répond Rémy Ngono lorsque cette radio lui propose l’émission « on refait le match ». Pourtant, l’autodidacte accepte en gardant son accent rythmé et sa parole poétique. « Le serpent change de peau mais ne change pas sa nature », dit un proverbe. Car Rémy Ngono n’a pas perdu non plus sa verve polémiste. Les menaces ? « Je suis comme l’acier : plus on le tape, plus il durcit », répond celui qui gardait cependant l’espoir d’un retour au pays : « l’oiseau, dit-il, chante mieux sur son arbre généalogique. »