Depuis son enlèvement qui remonte au 17 janvier 2023 et la découverte de son corps en état de décomposition le 22 du même mois, son assassinat tient l’actualité. Elle a fait oublier Samuel Eto’o et la Fecafoot, la vie chère ou même encore le Social Democratic front qui se meurt, entre autres.
Alors que Martinez Zogo n’est pas le premier camerounais à être assassiné dans notre pays, le père de l’émission Embouteillage très suivie dans la ville de Yaoundé et connue hors de la capitale, a réussi l’exploit de mettre d’accord les camerounais de tous les bords et de tous les partis politiques. Tous réclament justice pour lui. D’accord ou pas d’accord avec sa façon de pratiquer le journalisme, ils se rejoignent sur un fait : Martinez ne méritait pas une telle mort atroce.
Faut-il peut-être rappeler les sévices corporels qu’il a subis. Martinez a été battu, sodomisé. Ses ongles ont été arrachés. Il est passé de vie à trépas avec des doigts et une langue coupés. Il a reçu des décharges électriques. Le comble de l’horreur : un objet lui a été mis dans un des orifices utiles pour les besoins naturels.
Au regard des implications des services de renseignements dont une vingtaine d’éléments ont été arrêtés et incarcérés au Secrétariat d’État à la Défense, c’est surtout la prise de l’homme d’affaires Jean Pierre Amougou Belinga et plusieurs de ses proches, qui ont fait grand bruit. Toujours sous présomption d’innocence, de nombreuses personnalités de son groupe de presse ont été interpellés dans la foulée. Entre perquisitions, exploitations des téléphones et serveurs par les autorités compétentes, l’enquête mixte Gendarmerie-Police Nationale prescrite par le Président de la République en personne, n’a pas encore livré son verdict. D’autres personnalités de la scène camerounaise sont citées dans l’affaire notamment par Reporter Sans Frontières et plusieurs journaux camerounais, parmi lesquelles Laurent ESSO, Ministre de la Justice, Louis Paul MOTAZE, Ministre des Finances.
Dénonciation des Hommes politiques
« Nous sommes tous des Martinez Zogo ! Exigeons fermement que ceux des dirigeants qui ont encore un reste d’humanité livrent dans les plus brefs délais à la justice les bourreaux de Martinez Zogo, leurs complices ainsi que leurs commanditaires », a souhaité Maurice Kamto le leader du MRC le 24 janvier 2023.
« La République est tenue et gérée. Si les assassins ont confondu vitesse et précipitation, le Garant de l’Etat du Cameroun lui, sait ce qu’il fait et où il va. RIP Martinez Zogo», a écrit le ministre du Travail et de la Sécurité sociale Grégoire Owona hier 2 février 2023.
« J’apprends avec une grande sidération la nouvelle du lâche assassinat de l’animateur radio Martinez Zogo. À cet instant une immense colère et un dégoût indescriptible m’envahissent le corps et l’esprit…J’invite les camerounais à affluer spontanément au domicile du défunt pour apporter du soutien à sa famille dans cette dure épreuve. Par ailleurs, je demande aux autorités de rendre public sans délais les résultats de l’enquête de ce meurtre sauvage », a écrit Cabral Libii le leader du PCRN.
L’action & rétropédalage des chefs traditionnels de la Lékié
Même s’ils ont eu un retournement de veste dû à l’influence d’une élite de chez eux, il reste qu’on n’avait jamais vu des chefs traditionnels passé un ultimatum pour la mort d’un de leurs enfants.
« À ces chefs de la Lékié, je fais allégeance. Je me mets à genoux. Enfin on a trouvé au Cameroun des chefs qui savent à quoi ils servent. Ils sont les guides et les protecteurs de leurs populations. Si les chefs du Sud-Ouest et Nord-Ouest s’étaient levé une seule fois pour dire au pouvoir, «faisons la paix, que font nos parents en prison ? », on n’en serait pas là. Quand on m’a arrêté avec Maurice Kamto, on nous a gardés presque un an. Vous avez entendu qu’un chef de l’Ouest est venu nous voir ? Ils ont bu leur champagne en disant : «ils cherchaient quoi ? Nous on est là tranquille. Le gouvernement est bon », a déclaré Albert Dzongang lors d’une interview à Naja TV face à Jean-Bruno Tagne.
Au-delà du Cameroun, l’embouteillage de Martinez Zogo s’est déporté en Europe. Pas moins d’une dizaine de médias étrangers ont parlé de son assassinat. Le Monde, La Croix, RFI par le biais du célèbre animateur Claudy Siar a organisé au moins 2 émissions hommage à celui qui ces derniers temps dénonçaient l’attribution des marchés fictifs à l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga dans le cadre des lignes 94 et 65. Aujourd’hui alors que nous sommes déjà rendus à près de deux semaines de sa mort, le moins qu’on puisse dire c’est que l’embouteillage de Martinez résonne encore plus fort au Cameroun et perturbe les commanditaires de son odieux et horrible assassinat.