« Des Camerounais se sont mobilisés aujourd’hui (le 9 août, ndlr) pour demander une politique européenne audacieuse : les produits en caoutchouc liés à la déforestation doivent être écartés du marché européen. Les Européens ne peuvent pas voter d’une main pour un New Deal vert et utiliser l’autre pour acheter des matières premières ou financer des plantations qui effacent nos forêts et déplacent nos populations », a déclaré Nkolo Thade, leader autochtone Baka, lors du rassemblement en marge de la célébration de la Journée mondiale des peuples autochtones. A ce jour dans le sud Cameroun, pratiquement 10 000 hectares de forêt tropicale ont été rasés par la multinationale du caoutchouc Halcyon Agri et sa filiale locale Sudcam. Ces exploitations ont entraîné le déplacement des peuples autochtones Baka et la menace de la réserve de faune du Dja, un site inscrit au patrimoine de l’UNESCO.
« Les pays de l’Union européenne consomment sans le savoir du caoutchouc provenant de zones de déforestation, et leurs banques financent l’accaparement des terres. Si l’industrie du caoutchouc s’en tire en détruisant notre forêt tropicale, elle continuera à le faire avec d’autres forêts tropicales partout dans le monde », a expliqué Marie Grace Ngo, militante camerounaise de Greenpeace Afrique. L’unité européenne de Greenpeace et Greenpeace Afrique ont remis une lettre à l’ambassadeur de la délégation de l’Union européenne à Yaoundé, demandant de facto l’adoption d’une législation ambitieuse et efficace sur les produits de base présentant un risque pour les forêts et les écosystèmes.
Une nouvelle législation européenne est nécessaire pour réglementer la mise sur le marché européen des produits de base présentant un risque pour les forêts et les écosystèmes. Greenpeace Afrique demande d’inclure le caoutchouc naturel comme un produit de base à risque dans la prochaine loi européenne afin de mettre fin à la déforestation et à la dégradation des forêts causées par la consommation européenne. Concrètement, les requêtes de l’ONG plaident pour que les exigences de durabilité pour tous les produits à risque, y compris la viande, le soja, l’huile de palme et le caoutchouc, prennent en compte les impacts sur les droits de l’homme, la déforestation, la dégradation des forêts, et la conversion ou la dégradation des écosystèmes naturels autres que les forêts. Pour l’ONG, la nouvelle législation devrait s’appliquer au caoutchouc naturel en tant que produit de base clé présentant un risque pour les forêts et les écosystèmes, en particulier, et fixer des exigences de durabilité pour tous les produits de base et produits présentant un risque pour les forêts et les écosystèmes mis sur le marché de l’Union européenne, et aborder les impacts sur les droits de l’homme, la déforestation, la dégradation des forêts et la conversion ou la dégradation des écosystèmes naturels autres que les forêts. Ce plaidoyer prévoit également l’établissement des exigences en matière de transparence et de traçabilité de la chaîne d’approvisionnement en caoutchouc.