Galax Etoga note, pour le déplorer, que certains gendarmes « indélicats » se signalent par des « actes de mendicité », réclament des « sollicitations obole et appuis divers » et exigent le « versement de sommes indues à leur profit », à l’occasion de divers services et/ou lors de contacts avec les usagers et les personnalités. Toute chose qui est en violation de l’éthique professionnelle du gendarme, rappelle-t-il.
Aussi, instruit-il les commandants des légions à « faire cesser lesdits comportements dans les brefs délais par des descentes effectives de sensibilisation dans chaque compagnie et escadron mobile de gendarmerie ». Il leur prescrit également la tenue d’une réunion avec tous les commandants d’unités et exige d’eux des sanctions « avec la plus grande rigueur » contre les personnels coupables de tels agissements.
Un Numéro Vert mis à disposition
Le patron de la Gendarmerie nationale invite par ailleurs les commandants de légions à répertorier les unités convaincues desdites pratiques et à remonter l’information à la hiérarchie en vue du renouvellement des effectifs. Ceux-ci devront rendre compte, sous quinzaine, de leurs diligences en vue de l’éradication de ces comportements.
La Gendarmerie nationale figure parmi les administrations publiques les plus indexées du pays pour les faits de corruption. Le rapport 2020 sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun classe les forces de maintien de l’ordre à la troisième position des 13 secteurs les plus dénoncés pour des actes de corruption et infractions assimilées.
Afin d’attendre des gendarmes un comportement exemplaire, le SED a mis en place un numéro vert (1501) en avril 2018 pour dénoncer tout acte de corruption, de prévarication, d’abus ou de torture commis par ses éléments. En 2019, une centaine de responsables de gendarmerie corrompus et non professionnels avaient été sanctionnés, à la suite d’une campagne nationale en cours contre la corruption au sein de la gendarmerie nationale.
Un numéro vert, le 1501, a été envoyé aux camerounais par la gendarmerie nationale le mois dernier pour dénoncer la corruption et les abus perpétrés par des gendarmes. En conséquence, des officiers impliqués dans diverses affaires de corruption ont été sanctionnés. Le chef du poste de commandement des opérations de la gendarmerie nationale, Georges Parfait Nana II, avait révélé que, dès que la dénonciation est enregistrée, des enquêtes sont ouvertes.
Il a ajouté que le règlement intérieur de la gendarmerie spécifiait les différents niveaux de sanctions appliquées dès que la culpabilité était établie. Certaines de ces sanctions comprennent la suspension avec ou sans détention du responsable, la suspension ayant une incidence sur le salaire, les promotions, les distinctions et la carrière, un transfert punitif et la rétrogradation. L’initiative d’envoyer ce nombre pour dénoncer les gendarmes corrompus au sein des communautés a été appréciée par les responsables de la Commission nationale anticorruption (CONAC), qui a déclaré que c’était un grand pas en avant qui contribuerait à freiner la corruption. Lors du lancement de ce projet, le secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense chargé de la gendarmerie nationale, Galax Etoga, a déclaré avoir déjà reçu plus de 600 appels de citoyens mécontents. Le principal objectif de ce numéro sans frais est de rendre la gendarmerie plus proche de la population conformément au concept de gendarmerie de proximité et de rehausser l’image du corps d’élite des Forces de défense camerounaises.
En 2018, une enquête mettait la puce à l’oreille
Dans le cadre de la quatrième Enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM 4) en 2018, dont l’Institut national de la statistique (INS) avait publié les résultats, les personnes interrogées avaient donné leur avis sur la corruption. A cet effet, l’INS indiquait dans son rapport que la corruption, qui est un fléau entravant le bon fonctionnement des institutions, est décriée par 44% de la population camerounaise (plus de 21 millions de personnes au moment de l’enquête en 2014), et plus de la moitié de celle du milieu urbain. « Dans l’ensemble, 91% de la population déclare (approche subjective) que les agents de la police/gendarmerie ou de l’administration fiscale sont impliqués dans la pratique de la corruption. Il convient toutefois de relever pour le relativiser que ce niveau de perception de la corruption est en décalage avec les faits vécus. », peut-on lire dans le rapport.
Au cours des douze mois précédant l’enquête, révélait l’INS, 17% d’adultes en contact avec l’administration (soit près d’un usager sur cinq), ont été effectivement victimes d’actes de corruption de la part de fonctionnaires indélicats. Par administration, le niveau de corruption basé sur l’expérience personnelle (faits vécus), se situe à 14,3% pour les personnes ayant été en contact avec la police/gendarmerie et à 5,5% pour celles ayant été en contact avec le fisc. S’agissant de la lutte contre la corruption, 60% de la population adulte déclarent être au courant de l’existence d’un organisme de lutte contre la corruption et 62% se disent informés des efforts des autorités publiques en la matière. Cependant, 69% expriment un jugement défavorable quant à l’efficacité des actions gouvernementales anticorruption.