Du retour des Etats-Unis, première étape de sa tournée d’adieu, Angela Merkel, la chancelière allemande, a découvert le 18 juillet les paysages laissés par les inondations dévastatrices en Europe de l’Ouest. Le bilan qui s’alourdit chaque jour annonçait alors 191 morts en Allemagne et en Belgique, et de nombreuses personnes portées disparues. Elle s’est dite choquée par les dégâts « surréalistes » et « terrifiants » et a appelé à accélérer la lutte contre le changement climatique. L’air grave, Angela Merkel était dans le village de Schuld, non loin de Bonn. La rivière Ahr a détruit une bonne partie de la localité. « C’est une situation surréaliste et fantomatique, je dirais presque que la langue allemande a du mal à trouver les mots pour décrire la dévastation qui a été causée », a confié la chancelière lors d’une conférence de presse.
« L’addition de tous les événements auxquels nous assistons en Allemagne et la force avec laquelle ils se produisent, tout cela laisse penser à un lien avec le changement climatique », a déclaré Angela Merkel. Elle a promis l’engagement de l’Etat pour aider à la reconstruction. Dès ce 21 juillet, Olaf Scholz, le ministre allemand des Finances, présente une aide d’urgence d’au moins 300 millions d’euros en conseil des ministres. Cette première réponse sera suivie d’un vaste programme de reconstruction de plusieurs milliards d’euros.
Dans le seul Etat régional de Rhénanie-Palatinat, la police locale a fait état de 110 morts dans un communiqué, contre 98 dans le bilan précédent. « Il est à craindre que d’autres victimes viennent s’ajouter », a souligné la police, parlant aussi d’au moins 670 personnes blessées dans cette seule zone. Un bilan qui risque de s’alourdir dans les prochaines heures, alors que des dizaines de personnes restent toujours portées disparues. « Au fur et à mesure que les caves se vident ou qu’on pompe l’eau, nous ne cessons de tomber sur les corps de gens qui ont laissé leur vie dans ces flots, ce qui fait que je ne peux pas me prononcer sur le bilan final », a déploré Roger Lewentz, le ministre de l’Intérieur de Rhénanie-Palatinat.
Si la tendance est à la décrue dans la zone la plus sinistrée, la situation se dégrade en revanche plus au sud, à la frontière entre l’Allemagne et l’Autriche. En raison de fortes pluies localisées, des crues sont signalées dans cette zone et ont fait un mort côté allemand. Un « plan catastrophe » a été décrété dans le district allemand de Berchtesgaden et plusieurs centaines de pompiers déployés. La visite de la chancelière allemande intervient alors que la classe politique du pays est en pleine campagne pour les prochaines législatives, en septembre prochain. Si ces inondations risquent de perturber le cours des élections, elles ont déjà réussi à remettre le thème du dérèglement climatique au cœur des débats de ces consultations électorales qui marquent la fin du règne d’Angela Merkel.