Ils sont finalement tombés dans les filets de la police le 3 décembre à Douala avant d´être présentés à la presse une semaine plus tard. Achille et Jean Jacques, la quarantaine sonnée, ont été appréhendés par des éléments de la délégation générale à la Sûreté nationale (DGSN). Ils sont accusés d’usurpation de l’identité du secrétaire général du conseil supérieur de la magistrature, Abel Minko Minko pour rendre des services à de nombreux magistrats et autres représentants du gouvernement contre honoraires très élevés. Plusieurs hautes personnalités sont tombées dans cette supercherie.
« Ils appellent des magistrats et autres hautes personnalités au tribunal criminel spécial. Ils vous font savoir que, comme le conseil supérieur de la magistrature arrive, il y a la possibilité que votre dossier passe », explique Vincent de Paul Meva, commissaire de police, et chef des enquêtes à la DGSN. Selon lui, l’alerte est partie, le 8 juillet, avec la publication d’un communiqué de presse par le magistrat Abel Minko Minko, nouvellement nommé secrétaire du conseil supérieur de la magistrature. Une publication dans laquelle il mit en garde le public « contre certains individus qui se font passer pour ses agents ». « Ces individus se présentent à certains de mes collègues, magistrats, et justiciables, personnes impliquées dans des poursuites, pour offrir des services moyennant forte rémunération, soi-disant en son nom », soulignait Abel Minko Minko, qui insistait alors n’avoir « mandaté personne ». Dans la suite, le magistrat indiqua clairement au public qu’ « il n’est jamais impliqué dans des activités de corruption ou dans des manœuvres d’escroquerie », et exhorta « la population à éviter de tomber dans les pièges des escrocs ».
« Ils vous appellent disant qu’il y a un complot qui se trame contre vous. Et qu’il y a des gens qui viendront vous assassiner. Et celui qui vous appelle fait comme s’il a pitié de vous, en faisant savoir qu’il s’est désolidarisé des autres. Il vous demande ensuite d’envoyer de l’argent et en contrepartie, il vous envoie la vidéo du coup monté contre vous. Après avoir envoyé l’argent, le numéro ne passe plus », détaille le commissaire de police. C’est ainsi que, le 15 juillet, la ligne téléphonique 658905457 a contacté plusieurs responsables des régions de l’Est et du Centre, l’abonné passant pour un collaborateur d’Abel Minko Minko. De l’enquête ouverte à la DGSN, l’utilisateur de cette ligne téléphonique a été repéré dans la ville de Douala. Le 3 décembre, deux suspects ont été arrêtés. Des informations révèlent qu’ils sont d’anciens condamnés. Une action en justice a été ouverte contre Achille et Jean Jacques pour « fraude et usurpation d’identité », par l’Etat du Cameroun et le secrétaire général du conseil supérieur de la magistrature. Le commissaire Vincent de Paul Meva a profité de cet autre dénouement pour sensibiliser la population sur le modus operandi des escrocs qui se cachent, le plus souvent, derrière de faux profils sur les réseaux sociaux.