Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun, a publié une série de communiqués jusqu’à la fin de la semaine dernière, informant le public que la continuité du service électrique reste perturbée par des contraintes de production et de transport.
Selon nos informations, le déséquilibre entre l’offre et la demande dans le Réseau interconnecté Sud (RIS), qui couvre sept des dix régions du Cameroun (Centre, Sud, Littoral, Ouest, Nord-Ouest, Sud-Ouest et Est), dépasse régulièrement les 80 MW et peut même excéder 100 MW durant les périodes de pointe. Des sources internes à Eneo, rapportés par nos confrères d’Investir au Cameroun, expliquent que plusieurs installations de production opèrent actuellement en dessous de leur capacité maximale, en raison de contraintes diverses.
Les conditions météorologiques extrêmes, caractérisées par une sécheresse soudaine et une vague de chaleur sans précédent et rapportées par l’Observatoire national sur les changements climatiques (ONACC), ont exacerbé les difficultés de production électrique dans le pays. La centrale hydroélectrique de Memve’ele, particulièrement touchée par ces problèmes climatiques et ayant une capacité installée de 211 MW, a subi une baisse significative de production. En raison de la diminution du débit du fleuve Ntem, la production de cette centrale a été réduite de 100 MW en moyenne.
Situation non stable à Nachtigal
De plus, le secteur de l’énergie est confronté à des contraintes opérationnelles, notamment en raison d’une période de maintenance incompressible à la centrale à gaz de Kribi, située dans la région du Sud. Avec une capacité installée de 211 MW, cette centrale thermique contribue actuellement à moins de 150 MW. De plus, l’évacuation de l’énergie produite par cette infrastructure est souvent perturbée par l’indisponibilité de la ligne de transport de 225 kV Kribi-Mangombe II, comme cela s’est produit le 16 mai dernier.
Par ailleurs, un expert du secteur révèle que, en ce moment, Nachtigal injecte les 60 premiers MW de manière intermittente. « Pour tous les ouvrages, il y a une période de test, qui a débuté avec l’opération du 10 mai. Cette période devrait s’étaler sur quelques semaines, avant de déboucher sur une injection continue de l’électricité », explique-t-il.
En outre, confrontée à des tensions de trésorerie, Eneo peine à financer l’achat de combustible nécessaire pour faire fonctionner ses centrales thermiques d’appoint. En raison de ces contraintes, l’entreprise a planifié des rationnements d’électricité, avec des coupures prévisionnelles pouvant durer entre six et huit heures. L’électricien, contrôlé par le fonds d’investissement britannique Actis, signale également des pannes isolées (problèmes de phases, ruptures localisées…) qui sont à l’origine des coupures d’électricité non programmées.
Fort d’un potentiel hydroélectrique estimé à plus de 12 000 MW, le troisième en Afrique subsaharienne, le Cameroun doit développer ces ressources pour faire baisser le coût de l’électricité et accroître sa compétitivité économique.