La messe de la solennité de Saint Joseph, célébrée en la cathédrale Saint Joseph de Bafoussam par Mgr Julio Murat, le nonce apostolique au Cameroun et en Guinée équatoriale, avait une saveur particulière pour les chrétiens. Outre la qualité du principal officiant, il y a eu l’annonce de la démission de l’évêque diocésain, Mgr Dieudonné Watio. L’intéressé a tenu à lever toute équivoque sur cette décision prévue par le droit canon. Selon le droit en vigueur dans l’Eglise, l’évêque doit remettre, dès ses 75 ans, une lettre de démission au pape. Le souverain pontife peut l’accepter immédiatement. Une note indiquant l’acception de la démission est alors publiée par le Vatican, le jour même à 12 heures. Elle précise le nom de son successeur. Ou, s’il n’est pas encore choisi, le nom d’un « administrateur apostolique » qui assurera l’intérim. Mais si l’acception de la démission n’est pas publiée, cela signifie que l’évêque démissionnaire est prolongé.
Au cours de son homélie, le désormais évêque émérite de Bafoussam a exhorté les fidèles à suivre l’exemple de Saint Joseph qu’il a qualifié de « figure providentielle de la paternité humaine ». C’est en homme heureux qu’il prend son repos, la mémoire remplie de beaux souvenirs. En tête de pile de ceux-ci, sa consécration il y a 26 ans comme évêque de Nkongsamba, la messe de consécration de Mgr Emmanuel Dassi Youfang comme évêque axillaire de Bafoussam, ou encore son accueil à Bafoussam. Après la célébration à laquelle assistait Awa Fonka Augustine, le gouverneur de la région de l’Ouest, le nonce apostolique a tenu une concertation pour la désignation d’un administrateur apostolique qui assumera l’intérim durant la vacance, en attendant la nomination d’un nouvel évêque. La règle de la démission fut instituée lors du Concile Vatican II (1962-1965) par le pape Paul VI.
Tous les évêques du monde entier, simple évêque, archevêque, ou cardinaux, sans exception sont soumis à cette règle de la démission. Un seul y échappe, le pape, parce qu’il est évêque de Rome à moins qu’il ne décide de démissionner à titre personnel comme le fit Benoît XVI en 2013. Aucun rituel particulier n’est prévu pour accompagner la démission de l’évêque. Sinon qu’un évêque ne quitte jamais son diocèse sans lui dire officiellement au revoir. Notamment par une messe solennelle puisqu’il est symboliquement « marié » à son diocèse, comme l’indique l’anneau épiscopal qu’il reçoit le jour de son ordination au rang d’évêque et qu’il gardera jusque dans sa tombe.
Une fois sa démission acceptée par le pape, l’évêque reçoit le titre « d’évêque émérite » du diocèse en question mais il n’a plus aucun pouvoir juridique ni autorité sur ce diocèse. Son successeur est sélectionné par le pape après une enquête secrète dans le diocèse menée auprès des prêtres. En général, les évêques émérites ne restent d’ailleurs pas dans le diocèse pour ne pas gêner leur successeur même s’ils restent en étroite collaboration de conseil, au moins pour les premiers mois et qu’ils assistent à leur messe d’installation officielle.