18 mois après le début de son bail à la prison centrale de Yaoundé, Edgar Alain Mebe Ngo’o est fixé sur les griefs portés contre lui. Détournements et blanchiment. Détournement de fonds publics évalué à 20 milliards de F à travers des surfacturations et des marchés publics fictifs. Un autre détournement de 196 milliards de F lié au projet polytechnologique avec la Chine dans le cadre de l’achat de matériels militaires pour l’armée camerounaise. Il est aussi accusé de blanchiment d’argent évalué à 20 milliards de F. Particulièrement taiseux, l’ancien ministre de la Défense et ses coaccusés clament leur innocence.
Parmi ses coaccusés, Victor Emmanuel Menye, banquier. Il était le directeur général adjoint de la Société Commerciale de Banques (SCB) du Cameroun, la filiale locale du groupe marocain Attijariwafa bank. De retour au Cameroun dans les années 1980, après ses études en Banque-Finances en France, l’homme a intégré le Crédit Lyonnais. Maxime Mbangue, Inspecteur principal des régies financières. C’est également un ancien conseiller technique au ministère délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, sous l’ère de l’accusé principal Edgar Alain Mebe Ngo’o. Le Lieutenant-colonel de l’armée de l’Air, Ghislain Joël Mboutou Elle, était le chargé de gérer la réserve matérielle de l’armée du Cameroun. Au temps de son mentor et principal mis en cause, il était adjoint au chef service du militaire. Il a été attaché militaire de défense à l’Ambassade du Cameroun au Maroc. Certaines sources rapportent qu’Edgard Alain Mebe Ngo’o passe le plus clair de son temps au quartier féminin où se trouve son épouse Bernadette qui l’a rejoint dans ce pénitencier le 11 mars 2019. Citée, Bernadette Mebe Ngo’o, serait également l’une des pièces maîtresses des dossiers qui accablent son époux. Selon des sources proches de l’affaire MagForce, des surfacturations dans des opérations d’acquisitions de matériel militaire, des comptes bancaires enregistrés en son nom auraient servis à faire transiter des fonds particulièrement suspects. Les époux Mebe Ngo’o ont saisi le 18 juin, le président du Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi de deux requêtes séparées destinées à mettre un terme à leur séjour à la prison centrale de Yaoundé. Ils se plaignent des « rallonges abusives de leur détention provisoire ».
A la suite du rejet de ces requêtes, le 21 juillet, les époux se sont retournés vers la Cour d’appel du Centre, le 27 juillet. « C’est la décision prise par le couple à la suite du rejet, une dizaine de jours plus tôt, des requêtes que l’ancien ministre et sa tendre moitié avaient introduites séparément le 18 juin 2020 auprès du président du Tribunal de Grande Instance du Mfoundi, le juge des libertés (Habeas Corpus) dans le périmètre de ce département », indique une source proche du dossier. La loi portant création du Tribunal criminel spécial (TCS), dans son article 9, alinéa 3 prévoit que « l’information judiciaire est clôturée par le juge d’instruction dans un délai maximum de 180 jours, soit six mois après le réquisitoire introductif d’instance ». Considérant que, l’information judiciaire de M. Mebe Ngo’o a pris fin le 8 septembre 2019 et celle de son épouse s’est clôturée le 11 septembre 2019, certaines voix s’élèvent pour dénoncer l’œuvre de mains obscures. Certains bourreaux du natif de Sangmelima se recruteraient dans les rangs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Des pontes du régime sont soupçonnés de manœuvrer sous cape pour la prolongation indéfinie du séjour de leur camarade au quartier 14 de la prison centrale de Yaoundé.