« Dans le cadre de la 6ème édition du Championnat d’Afrique des Nations de football masculin qui se déroule au Cameroun du 16 janvier au 7 février 2021, rappelle le Charles Ndongo, par contrat n°000026 du 26 mai 2019 la Crtv a acquis les droits exclusifs de diffusion sur l’étendue du territoire national avec interdiction de diffuser par internet Broadband et par Technologie mobile ». Par conséquent, « toute retransmission partielle ou totale de cette compétition » par d’autres structure médiatiques pourraient entrainer la résiliation de ce contrat ».
Afin d’éviter cette « infraction » qui pourrait « créer d’énormes dommages aussi bien à la Crtv qu’à la Nation toute entière », le patron de la Chaine nationale a initié depuis le 28 décembre dernier, une série de mise en garde visant plusieurs médias. A quatre jours du coup d’envoi, un rappel de cette mise en garde a été fait sur le compte twitter de la Chaine Radio-Télé à capitaux publics. Sont systématiquement visés dans les documents rendus publics, Afrik-Inform, Focus Tv et Inside Tv.
S’il ne précise pas les raisons pour lesquelles les 3 medias susmentionnés sont les seuls qui ont été recadrés, Charles Ndongo rappelle aux destinataires de ces correspondances que la marque CRTV est dûment protégée par l’OAPI. Par conséquent, «Toute diffusion par Inside TV des évènements sportifs avec le logo de la CRTV se fera en violation de la loi sur la propriété intellectuelle», a-t-il conclu.
Au Cameroun, le lien football et médias est très fort : l’exemple de Canal 2
Les fans de football au Cameroun auront désormais la possibilité de vivre en direct de leur petit écran des rencontres du championnat d’élite grâce à ce partenariat qui lie désormais la Ligue de Football Professionnelle du Cameroun (LFPC) et Canal 2 depuis 2014. Il en ressort dans l’immédiat que l’exclusivité de cette retransmission des rencontres est régionale et se limitera dans un premier temps aux régions du Littoral, de l’Ouest et du Sud-ouest. Pour cet exercice, la chaine versera à la Ligue la somme de 12 millions de F CFA. Le quota de répartition est comme d’habitude de 70% pour les clubs de la Ligue et 30% pour le fonctionnement de l’organe en charge du championnat. Quant aux droits publicitaires issus de la retransmission des matchs, ils seront répartis entre Canal 2 et la LPFC. Il est important de mentionner que la chaine promet de diffuser en direct pour chaque journée, une rencontre du championnat et 50% des buts inscrits au cours de la dite journée.
Ce qu’il faut comprendre des droits de diffusion médias du football
Pas si simple d’appréhender le fonctionnement des droits du football en Afrique. D’abord, il faut bien comprendre que la FIFA (Fédération internationale de football association), grand manitou du football dans le monde, est fractionnée par confédérations représentantes de six régions géographiques. Dans la hiérarchie de la FIFA, la CAF (Confédération africaine de football) représente six fédérations régionales regroupant un total de cinquante-cinq fédérations membres, soit une par pays représenté. La CAF compte donc autant de pays membres que l’UEFA (Union des associations européennes de football), mais huit pays de moins que l’AFC (Confédération asiatique de football).
Ensuite, il faut également comprendre que chaque confédération reste souveraine pour gérer les droits médias de toutes ses compétitions régionales. C’est ainsi que la CAF a délégué à Sportfive, la société spécialisée dans la gestion des droits marketing et audiovisuels sportifs du groupe Lagardère, la distribution mondiale de ses droits médias. Dans le même esprit, chaque fédération nationale reste maîtresse des droits médias de ses compétitions nationales. Si en Europe Sportfive (devenu Lagardère Sports and Entertainment en 2015) gère les droits plus de trente-sept fédérations sportives européennes (en France les droits de plus d’une quinzaine de clubs), il est presque surprenant de constater que la société est pratiquement absente du business des fédérations nationales africaines.
Ainsi, le business du football s’est développé grâce à la télévision. Et pourtant, jusqu’à ce jour, les chaines de télévision africaines ne se développent pas grâce au football. Au contraire. Il s’agit là du poste comptable le plus onéreux de toute leur programmation. Pour offrir à leur public les matchs de leur équipe, la plupart des télévisions ont encore recours aux enveloppes présidentielles en 2016. Une aberration, lorsque l’on sait qu’une saison peut coûter aussi cher que le budget de fonctionnement mensuel d’un hôpital ou d’une vingtaine d’écoles.
Certes, la médiatisation progressive des matchs nationaux constitue une bonne nouvelle pour les fédérations. Cependant, le fait que ce soit des médias cryptés (hors Africable et CRTV) qui s’intéressent au marché risque de nuire aux spectateurs : ils devront encore payer pour encourager leur équipe. Ou souscrire à des abonnements pirates moins chers.
Ainsi de nombreuses possibilités restent ouvertes. Les prochaines années verront certainement des alliances économiques se mettre en place, se démanteler ou se renforcer. Des lois et des directives nouvelles seront certainement adoptées. Dans tous les cas, ce qui reste regrettable aujourd’hui, c’est que malgré tout cet argent circulant dans le monde du football en Afrique, ni les régies des chaînes africaines ni les caisses des clubs locaux ne s’enrichissent.