Le milieu carcéral camerounais est en éveil pour limiter la propagation de la pandémie de COVID-19. Le 18 mars 2020, Laurent Esso, le ministre d’Etat, ministre de la Justice (Minjustice), garde des sceaux, a signé une lettre circulaire relative au renforcement des mesures sanitaires et de sécurité dans les prisons. Ladite circulaire suspend toute corvée externe pour les détenus jusqu’à nouvel ordre et la mise en place des conditions particulières pour le contrôle des visites aux détenus en privilégiant la remise des repas en lieu et place des contacts physiques entre détenus et visiteurs. Les contacts jugés indispensables entre certains détenus et leurs visiteurs sont strictement encadrés et surveillés avec des dispositions d’accompagnement comme le port obligatoire du masque et le lavage des mains à l’eau propre et au savon. Concernant les échanges entre les détenus avec leurs conseils, elles sont également encadrées sur le plan sanitaire avec l’observation des mesures d’hygiène prescrites à tout visiteur.
Alors que le Cameroun enregistre une résurgence de la pandémie, la réunion hebdomadaire du comité interministériel chargé d’évaluer et de suivre la mise en œuvre de la stratégie de riposte du gouvernement, du 25 mars, présidée par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a permis au Minjustice de dresser l’état des lieux en milieu carcéral. « Nous faisons du mieux que nous pouvons pour que les gestes barrières soient respectés, évidemment à l’exception de la distanciation physique, qui est difficile dans un cas de surpopulation carcérale », a souligné d’entrée Laurent Esso, avant d’annoncer les statistiques.
« Dans nos prisons, les chiffres montrent que sur un total de 699 cas, nous avons 225 en cours de traitement et 2 décès. Ça, c’est un prélèvement fait dans 21 des 70 prisons que compte le pays », a-t-il expliqué. « Mais, les décès dont nous parlons ici sont intervenus en cours de transfèrement à l’hôpital parce qu’il est arrivé que les malades ne sachent pas toujours qu’ils sont en train de faire la maladie. Parfois, les prises en charge sont tardives et dès que c’est signalé, nous ne gardons pas les malades à la prison, nous les referons tout de suite dans un centre hospitalier », a poursuivi le Minjustice. Dans le lot des mesures de lutte contre la contamination du COVID-19 en milieu carcéral, on retrouve aussi la suspension des activités socio-culturelles et éducatives. Au cours de cette réunion, le ministre d’Etat a salué la prise de conscience sur l’existence de la maladie dans les prisons camerounaises. Les statistiques présentées par Laurent Esso prouvent que le Cameroun n’est pas le dernier de la classe dans le monde.
Le 14e congrès des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale tenu du 7 au 12 mars à Kyoto au Japon, entre autres thèmes, a abordé l’impact de la COVID-19 sur les groupes marginalisés de la société tout particulièrement en milieu carcéral. On estime à plus 500 000 détenus infectés par le nouveau coronavirus dans le monde et ceci à cause de la surpopulation et des mauvaises conditions de détention et d’hygiène.