Sur les hauteurs du palais des Congrès de Yaoundé, la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM) dirigée par Peter Mafany Musonge, a organisé un colloque pour contenir voire, éradiquer les discours haineux et xénophobes parmi les Camerounais du triangle national et de la diaspora. L’initiative placée sous la haute autorité du président Paul Biya a permis aux experts, acteurs politiques et de la société civile de réfléchir sur six principales thématiques. L’objectif final, selon le président de la CNPBM, étant : « faire du Cameroun une référence du vivre-ensemble dans la sous-région, et peut-être sur tout le continent ».
Pendant deux jours, experts, représentants des formations politiques, hommes et femmes de médias et membres de la société civile ont prioritairement planché sur les obstacles que représentent les discours haineux et xénophobes dans l’édification de la nation et la cohésion sociale. Ils ont répertorié les causes et les manifestations du vocabulaire discriminant dans les médias. Les discours de haine et le problème anglophone comme défis à une coexistence paisible au Cameroun, ou la codification pénale de l’interdiction de la haine et de la xénophobie, sont passés au peigne fin.
A la fin des travaux, la trentaine de résolutions prises par les participants a été soumise au président de la République. Entre autres propositions, il a été convenu d’assurer une veille médiatique chargée de répertorier les occurrences de discours haineux et de xénophobie, d’intensifier la sensibilisation de la population sur les conséquences de ce type de propos. Les participants ont sollicité l’engagement ferme la de la société civile à dénoncer toute association ou organisation partisane fondée sur l’exclusion ethnique ou religieuse. A moyen terme, ils ont convenu d’interpeler la diaspora sur la nature de son discours, tout comme les partis politiques sont invités à éduquer leurs militants. La surveillance et l’évaluation des services publics en rapport avec les discours de haine relèvent désormais de tous les partenaires sociaux.
En attendant la soumission au Parlement de projets de lois réprimant les discours haineux et xénophobes, certaines actions ont été arrêtées par les scientifiques. Après avoir démontré que les discours haineux et xénophobes plongent leurs racines dans « la culture, l’interaction sociale, la politique, l’inégal accès aux ressources, l’inégale répartition des ressources ou encore leur absence », ils ont conclu que ces discours se manifestent dans un cadre spatio-temporel, à travers des comportements tels que la diffamation, les injures, l’humiliation, la dévalorisation, le dénigrement et l’exclusion de l’autre. Aussi ont-ils recommandé de procéder à la déstructuration des groupes ethno-régionaux, à la réorientation des perceptions publiques et à la dépolitisation de l’identité ethnique. Tolérance, ouverture, pardon et promotion de la réconciliation demeurent des valeurs à partager au quotidien entre Camerounais du triangle national et de la diaspora pour la consolidation de l’unité nationale.