En marge du lancement du programme « maternités solaires » dans la Commune de Bikok, la présidente de la COP21 a donné une conférence-débat à l’ENS de Yaoundé, le 14 mai 2019.
Ségolène Royal, ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles Arctiques et Antarctique, présidente de la COP 21 et envoyée spéciale de l’Alliance solaire, a animé une conférence à l’Ecole normale supérieure de Yaoundé mardi 14 mai 2019. Les échanges se sont déroulés sur le thème « La justice climatique et l’impact du réchauffement climatique des pôles jusqu’en Afrique ».
Le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo a tenu à être présent et surtout à jouer lui-même le rôle de modérateur, avec la présence remarquée de nombreux universitaires tels Jean Emmanuel Pondi.
Contrairement au changement climatique qui est un sujet d’actualité, la justice climatique est un concept nouveau et quelque peu complexe. Ségolène Royal qui le sait très bien, s’est évertuée à l’expliquer en de termes simples, afin que tout le monde puisse s’en imprégner. L’ouvrage qu’elle commet en avril 2017 aux éditions Plon, Manifeste pour une justice climatique : une idée dont l’heure est venue, est une illustration de sa volonté de vulgariser le concept.
Le concept de « justice climatique » défendu par Ségolène Royal
Depuis les années 80 aux Etats-Unis, un mouvement pour la justice environnementale est né dans l’optique de soutenir les populations et quartiers défavorisés par la pollution et les dépôts des déchets toxiques. Contrairement au mouvement écologique qui limite son action à la réduction des effets du réchauffement climatique et à la sensibilisation des masses, celui-ci visait à rendre juste aux victimes de la dégradation environnementale. Aujourd’hui, le mouvement pour la justice environnementale s’est internationalisé et s’est mué en mouvement de justice climatique. Qu’est-ce qui change véritablement avec cette mutation ? Sans conteste le fait que le changement climatique n’est plus seulement un problème environnemental, mais devient aussi un problème de justice sociale. Et dans ce sens, les questions éthiques et politiques, les actions juridiques, l’égalité sociale ou les droits de la personne, prennent le pas sur les questions purement environnementales et physiques.
Après des dizaines d’années d’efforts menés par les scientifiques, les chercheurs, les citoyens, les villes, les ONG et autres, l’accord de Paris sur la lutte contre le dérèglement climatique entre en vigueur en 2016. Mais il faudrait voir en premier lieu en la justice climatique, un mouvement de pouvoir citoyen, où c’est le peuple, plutôt que les hautes sphères, qui prend les devants pour faire pression sur les entreprises et les gouvernements. L’ancienne ministre de l’Environnement ne cache pas que « c’est par l’Afrique que le combat climatique sera victorieux ». L’Afrique produit peu de gaz à effet de serre, et pourtant, c’est elle la première victime du changement climatique.
L’amphithéâtre abritant l’événement était plein à craquer. Les normaliens ont fait le déplacement de l’ENS pour mieux comprendre les enjeux de la justice climatique. Pendant les échanges, certains étudiants, inquiets, se sont demandé si les actions de protection de l’environnement ne vont pas davantage appauvrir l’Afrique, dans la mesure où celle-ci fonde une partie importante de son économie sur l’exploitation de sa forêt et de ses ressources halieutiques. Réponse de Ségolène Royal, si l’Afrique utilise par exemple son bois en s’assurant que l’arbre coupé est directement remplacé, il n’y aura pas lieu de s’inquiéter. Par conséquent, il est possible de concilier économie et écologie.