La campagne publicitaire des produits cosmétiques « Carimo » a heurté la sensibilité des Camerounais. Le gouvernement n’est pas resté indifférent aux nombreuses plaintes qui font le tour des réseaux sociaux. Dans un communiqué de presse rendu public ce jeudi soir par le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, les autorités donnent 48h à la promotrice de la société qui fabrique ce lait de toilette, pour retirer ses affiches publicitaires, tant sur les panneaux d’affichage que sur les réseaux sociaux de son entreprise.
Selon René Emmanuel Sadi, cette campagne promotionnelle qui présente des sujets à la peau ébène se prosternant devant une reine au teint blanchi, entamée depuis quelques jours par la structure est « illicite et outrageante ».
« A l’observation, l’affiche publicitaire au centre de cette campagne comporte des jugements de valeur sur les personnes, fondées sur la couleur de leur peau et susceptibles par conséquent de porter atteinte à leur dignité », justifie le porte-parole du gouvernement camerounais.
Ce type de campagne, soutient le ministre, est en totale violation de la loi numéro 2006/018 du 29 décembre 2006 régissant la publicité au Cameroun. Elle dispose en son article 24 que « les messages publicitaires doivent être exempts de toute discrimination raciale ».
De la règlementation publicitaire au Cameroun
Les affiches de publicité constituent le moyen propice pour les entreprises de mettre en visibilité leurs produits. Au Cameroun notamment des agences de communication rivalisent de créativité pour concevoir des affiches permettant le positionnement des produits de leurs annonceurs. Cela suppose à l’évidence la mise sur pied des stratégies axées sur une posture discursive qui soit en phase avec les besoins de la cible.
Le secteur de la publicité au Cameroun connait des difficultés majeures. Ces difficultés sont causées par certains annonceurs qui sont les principaux concernés des violations récurrentes de certaines dispositions de loi, notamment au sujet de la signature des messages publicitaires, des entraves aux règles concurrentielles et enfin du processus d’identification des panneaux publicitaires. La publicité qui est un secteur très lucratif au Cameroun ne paye pas suffisamment la presse ou encore certaines entreprises.
Face à cette situation, le conseil national de la publicité, principale instance de régulation de la publicité au Cameroun, n’entend pas rester les bras croisés. Il ressort de sa responsabilité, de mettre fin à toutes les dérives observées dans ce secteur. Pour l’Etat, le manque à gagner est énorme, pour les opérateurs de la profession en l’occurrence les régies en publicité et les agences conseils, le manque à gagner est aussi considérable.
Le Gouvernement entend restaurer l’ordre et l’éthique
Le message publicitaire contient généralement trois éléments : le visuel rédactionnel (texte, slogan, titre), le visuel illustratif (format, couleur, désir, personnage) et le visuel sonore (fond musical). Dans le cadre de la publicité, le visuel rédactionnel regorge des idées telles : le désir, la joie et la tentation. Des éléments, qui à ne point douter, sont dotés d’une capacité à stimuler les sens des consommateurs. Concernant le visuel illustratif, le format est de soixante (60) secondes ; au cours de celles-ci la séquence publicitaire se constitue en un miroir social à travers une exposition du monde, des cultures, des modes de vie, des statuts, des stéréotypes et des façons de penser et de se comporter. Sur des couleurs, la publicité en présente celles qui sont multicolores et qui traduisent certainement les variétés, l’intérêt. L’Etat a ainsi vu dans cette affiche de CARIMO des messages anti-éthiques, sur le phénomène de dépigmentation, d’exploitation humaine notamment.