En effet, dans un tweet du 5 mars 2023, Nigel Holmes, Haut-commissaire adjoint de Grande-Bretagne au Cameroun, déplore le manque d’eau courante dans son quartier depuis plus de 10 jours. Il s’agit de Bastos, un quartier huppé du 1er arrondissement de Yaoundé, la capitale politique du pays. Le quartier est réputé car il accueille l’ensemble des Ambassades et autres Résidences diplomatiques des différents pays accrédités.
Pour expliquer cette pénurie, la CAMWATER, la société nationale chargée de la distribution de l’eau au Cameroun a régulièrement évoque des dysfonctionnements structurels, la démographie galopante de la ville, l’étiage sévère et les casses, fuites et vols de réseaux causés par des brigands…ou les coupures d’électricité intempestives de la société qui fournit l’électricité.
L’entreprise de production et de commercialisation de l’eau potable assure que si l’alimentation électrique reste stable, la fourniture en eau potable du quartier Bastos pourra être renforcée ce lundi soir. Pour le moment, la Camwater s’attèle à ravitailler ce quartier avec des camions citernes. Le département de la communication de cette entreprise a d’ailleurs publié le « programme de ravitaillement par camion-citerne (LT 870) du 6 mars 2023 ». Premier arrêt du camion-citerne d’approvisionnement en eau potable : Bastos, Haut-commissariat de Grande-Bretagne. D’autres arrêts sont prévus dans ce quartier qui abrite la quasi-totalité des ambassades. Le camion-citerne est ainsi attendu dans les ambassades d’Espagne, du Brésil, de Belgique, d’Allemagne, le Haut-commissariat du Canada, d’Egypte, de Corée ou encore d’Arabie Saoudite.
Des coupures fréquentes d’eau
Entre janvier et mai 2022, la station de traitement d’eau d’ Akomnyada qui alimente la capitale Yaoundé a enregistré une baisse de production de 130 000 m3 par jour à 80 000 m3 par jour, soit une baisse de 50 000 m3. Ces chiffres avaient été donnés par le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, alors qu’il visitait cette installation, le 5 septembre 2022. Cette baisse de la production est la cause des pénuries constatées dans la ville depuis plusieurs mois maintenant.
« Les techniciens font savoir qu’aujourd’hui il y a un problème au niveau de la qualité de l’eau qui est telle qu’elle va nécessiter davantage de produits de traitement », a indiqué le membre du gouvernement. Instruction a été donnée à la Cameroon Water Utilities Corp (Camwater) de prendre toutes les dispositions pour se procurer lesdits produits afin que la station retrouve un niveau de production optimal. Même si le ministre rassure sur les capacités de production de la station qu’il trouve « bonnes », Akomnyada semble avoir encore plus de problèmes. C’est ce que révèle une lettre du directeur général de la Camwater adressée au ministre en mars 2022. Gervais Bolenga y informait le ministre de l’Eau et de l’Énergie que la station d’Akomnyada « source essentielle d’approvisionnement en eau potable de la ville de Yaoundé présente, nonobstant sa réhabilitation en 2017, présente de sérieuses défaillances ».
L’ultrafiltration membranaire construite en 2017 pour une capacité de 55 000 m3 par jour s’était alors arrêtée quelques semaines seulement après sa mise en service. Ce qui avait provoqué une chute de la production de 190 000 m3 à d’environ 60 000 m3 d’eau par jour.
En rappel, la station d’Akomnyada avait été construite en 1985 avec une capacité installée de 100 000 m3/jour. Aujourd’hui en 2023, les besoins journaliers de la ville de Yaoundé sont évalués à plus de 300 000 m3 par jour.