« Les investissements de la banque vont aider le Cameroun à produire 221 449 tonnes de maïs, 172 000 tonnes de riz, 9 750 tonnes de sorgho, 24 000 tonnes de pommes de terre, 45 000 tonnes d’huile de palme, 4 000 tonnes de soja, (et) 120 000 tonnes de cultures maraîchères (tomates, notamment) supplémentaires », a détaillé la BAD le 15 juillet 2022, dans le communiqué officiel ayant sanctionné l’approbation du prêt accordé au gouvernement camerounais par le Conseil d’administration.
Concrètement, la facilité anti-crise alimentaire mise en place par la BAD consiste en la distribution de semences aux agriculteurs. Au Cameroun, apprend-on, ce sont au total 1 720 tonnes de semences de riz, 2 500 tonnes de semences de maïs, 130 tonnes de semences de sorgho, 2 400 tonnes de semences de pommes de terre, 1,12 million de graines prégermées de palmier à huile, 132 tonnes de semences de soja, 4 tonnes de semences de tomate, et 67 tonnes de semences de blé qui seront distribuées aux petits producteurs. En outre, ces derniers vont recevoir des engrais NPK (azote, phosphore, potassium) et urée, à des prix subventionnés à hauteur prégermée.
Pour rappel, c’est le 20 mai 2022 que le Conseil d’administration de la BAD a autorisé la mise en place de cette facilité d’urgence visant à éviter aux Etats africains une crise alimentaire importée. Globalement, ce mécanisme de riposte aux effets néfastes de la crise entre la Russie et l’Ukraine, deux grands producteurs de blé et des engrais dans le monde, vise à fournir des semences agricoles à 20 millions de producteurs sur le continent, avec pour objectif de produire 38 millions de tonnes de nourriture supplémentaires au cours des deux prochaines années.
Comprendre la production céréalière de la Russie et l’Ukraine
Le conflit russo-ukrainien, qui a éclaté en février 2022, perturbe profondément le marché agricole international et a déclenché de fortes fluctuations des prix alimentaires mondiaux. La Russie et l’Ukraine jouent un rôle important dans la production et l’approvisionnement alimentaires mondiaux. Les deux pays sont des exportateurs nets de plusieurs grandes cultures céréalières : blé, maïs et orge. Ils sont également d’importants exportateurs de tournesol et d’autres oléagineux.
Connue comme le « grenier de l’Europe », l’Ukraine est le deuxième exportateur de céréales au monde. Mais le gouvernement ukrainien a annoncé le 9 mars une interdiction d’exporter des produits agricoles de base tels que le blé et l’avoine.
Aperçu des importations agricoles africaines de Russie et d’Ukraine
Environ 50 pays dans le monde entier dépendent actuellement des importations en provenance de Russie et d’Ukraine pour assurer 30 % ou plus de leurs approvisionnements en blé, dont la plupart sont des pays sous-développés ou à faible revenu d’Afrique du Nord, d’Asie et du Proche-Orient. Certains pays africains sont plus touchés par le conflit russo-ukrainien, tels que l’Égypte, la Libye, l’Ouganda, le Congo, l’Algérie. L’Algérie est le cinquième importateur mondial de céréales et le deuxième consommateur de blé d’Afrique. L’Égypte est le premier importateur mondial de blé et ses alternatives sont plutôt limitées.
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) avait d’ailleurs prédit qu’en Afrique de l’Ouest et Centrale, 7 à 20 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir d’insécurité alimentaire en raison des conséquences de la guerre. Or, avant même le début du conflit, les prévisions d’insécurité alimentaire pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel étaient inquiétantes. La région est en butte à une crise alimentaire et nutritionnelle pour la troisième année consécutive : 33,4 millions de personnes devraient avoir besoin d’une aide alimentaire entre juin et août 2022 (a). L’incidence élevée de l’insécurité alimentaire dans la région est la conséquence d’une combinaison de facteurs structurels fragilité, niveaux élevés de pauvreté, changement climatique et dégradation de l’environnement ainsi que de la faible productivité agricole. Les vagues successives de la pandémie de COVID-19 et leurs conséquences sur les chaînes d’approvisionnement ont aggravé la situation alimentaire dans ces régions.