Affublé d’un jean et en bras de chemise, Franck Emmanuel Biya a passé de longues minutes à parcourir les décombres et les gravats, sur ce flanc de colline meurtrière de Mbankolo, dans le deuxième arrondissement de Yaoundé, où un éboulement le 8 octobre a causé un important bilan humain et matériel. Alors que tout autour de lui s’activaient encore diverses équipes de secours, le fils aîné du président de la République s’est fait expliquer les circonstances du drame. Au lieu d’y voir un simple geste de compassion, comme beaucoup avant et après lui l’ont fait, de nombreux observateurs, sans doute obnubilés par l’agenda 2025, pensent que l’homme de 52 ans ajoutait plutôt une nouvelle marche au chantier de construction d’une image de futur président. Une image que l’on lui colle depuis quelques années. Seulement, Franck Emmanuel Biya avait au moins deux raisons pour se retrouver sur les lieux du drames.
La première tient au voisinage. Sa résidence se trouve non-loin, à quelques centaines de mètres, sur les hauteurs du Mont Febé qui surplombe le site de ce drame. La deuxième tient aux saintes écritures qui, dans le livre de Ecclésiaste, chapitre 7 verset 2 recommande : «Mieux vaut aller dans une maison de deuil que d’aller dans une maison de festin ; car c’est là la fin de tout homme, et celui qui vit prend la chose à cœur.» Deux raisons suffisantes pour comprendre la sortie effectuée par le citoyen Franck Emmanuel Biya dans l’après-midi du 9 octobre 2023. Malheureusement, elle fut, comme toutes les autres depuis bientôt deux ans, associée à l’agenda 2025, année de la prochaine élection présidentielle au Cameroun.
En effet, si le nom de Franck Emmanuel Biya est depuis quelques années dans l’actualité, comme l’un des possibles candidats à la succession de son illustre géniteur, au sein de la majorité présidentielle, il n’en a jamais rien dit lui-même. Il ne s’est jamais exprimé publiquement sur un éventuel désir d’avenir politique, mais ses partisans font souvent parler d’eux sur les réseaux sociaux ou dans la presse, à coups de réunions et d’actions publiques.
C’est spontanément qu’ils affirment défendre «une offre politique» issue d’un constat : leur génération assistera très probablement à une transition. Pour eux, Franck Emmanuel Biya, de par sa «discrétion», sa «maîtrise de lui-même» et sa connaissance des arcanes du pouvoir, réunit «les qualités d’un leader» pour «être le futur candidat» de la jeunesse à «une future élection». Il pourrait, pour les frankistes ou fébistes qui soutiennent l’idée d’une «transition générationnelle» au sommet de l’État, dépasser tous les clivages et assurer la stabilité du Cameroun. Soit. Ce qui reste clair est que Franck Emmanuel Biya était à Mbankolo le 9 octobre dernier apporter du réconfort à des voisins frappés par la cruauté du destin.