Samedi 14 mai 2022. Lieudit « Besseké » de Dikolo, coincé entre les quartiers administratif de Bonanjo et résidentiel de Bali, dans le premier arrondissement de Douala, capitale économique du Cameroun. Les populations sont tirées de leur sommeil par les coups de pelles excavatrices mobilisées par opérateur économique afin de préparer les 5 000 m2 à la construction d’un complexe hôtelier. Une soixantaine d’habitations est alors rasée. Face aux populations en larmes, le représentant de la chaîne d’hôtels Marriot brandit une « déclaration d’utilité publique » pour valoriser le terrain.
En effet, le 9 janvier 2020, le Premier ministre a pris un décret portant expropriation pour cause d’utilité publique, incorporation au domaine privé de l’Etat des terrains, d’une superficie de 2 ha 63a 30ca, nécessaires aux travaux de réalisation des projets hôteliers, dans le premier arrondissement de la ville de Douala, département du Wouri, région du Littoral et allouant des indemnités aux personnes victimes de perte de droits fonciers et de destruction de biens dans le cadre desdits travaux.
Selon l’article premier de ce décret, le terrain objet du titre foncier n°750/W était frappé d’expropriation pour cause d’utilité publique. « Il est alloué aux personnes victimes de pertes de droits fonciers et destructions de biens dans le cadre des travaux de réalisation des projets hôteliers dans la ville de Douala, une indemnité de 322 597 019 F », stipule l’article 3 du décret du Premier ministre.
Une liste de victimes dûment identifiées accompagne le décret du Premier ministre qui précise qu’un arrêté du ministre en charge des domaines fixe les modalités de paiement de la dépense imputée au budget du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire. Fort opportunément, l’article 5 indique, « les personnes victimes et non visées » par le décret du 9 janvier 2020 seront indemnisées conformément à la réglementation en vigueur, « après examen de leurs réclamations par la commission de constat et d’évaluation compétente ». Question : quels déguerpis crient à l’injustice ?