Au terme de ces pourparlers, le Minedub a annoncé que son ministère réfléchissait à fermer les écoles spécialisées qui accueillent des enfants handicapés. « Nous avons des problèmes avec des enfants qui présentent un handicap et autre et que nous mettions avant dans les écoles spécialisées », a commencé le ministre Etoundi Ngoa. Le membre du gouvernement explique que, « nous ne pouvons plus les mettre (les handicapés) dans les écoles spécialisées parce que les expériences médicales ont montré que quand on les met avec les enfants normaux, ils réagissent beaucoup mieux ».
Conséquence, ajoute le Minedub, « il faut aujourd’hui multiplier des écoles où nous pouvons mettre tout le monde ; handicapés moteurs, auditif, visuel, etc. Ils doivent se retrouver dans les mêmes salles de classe, parce que cela résout et permet de minimiser les effets de ces handicaps-là ».
D’après Eyi-Francine Angue, directrice de l’Ecole spécialisée pour enfants déficients auditifs, interrogée en janvier dernier par Solidarité laïque sur l’école inclusive, « il existe au Cameroun 68 écoles publiques inclusives qui sont en capacité d’accueillir des enfants en situation de handicap, réparties dans les 10 régions du pays ».
Elle explique, « bien qu’en théorie, les écoles doivent accueillir les enfants porteurs de handicap, les enseignants ne sont pas suffisamment formés. Ces enfants sont donc mal suivis. Dans une classe d’une école publique accueillant 40 enfants, si un enfant en situation de handicap arrive, comment voulez-vous que l’enseignant puisse prendre en compte ses besoins particuliers sans délaisser les autres élèves ? ».
Pour l’heure, si les associations d’accompagnement des enfants avec un handicap reconnaissent que la loi protège suffisamment cette catégorie de citoyen, elles déplorent le fait que dans la pratique, les enfants avec un handicap restent marginalisés.
Plaidoyer pour une école inclusive
Au Cameroun, 9 enfants handicapés sur 10 ont des difficultés d’accès à l’éducation, selon les données officielles. Afin de mobiliser le public sur ce problème majeur, le ministère des Affaires sociales avait alors lancé, le 4 mai 2023 à Yaoundé, une campagne nationale de sensibilisation afin d’ouvrir les portes de l’école à tous les élèves handicapés ou non. Le thème de cette année, « De la politique à la pratique : éducation inclusive pour les enfants handicapés au Cameroun », était un appel à une prise de conscience de tous les acteurs, y compris les parents, avait alors déclaré la ministre Pauline Irène Nguéné.
« Il nous revient donc, au cours des prochaines années, de mettre en place des stratégies devant permettre une transformation profonde de notre système éducatif. Cette campagne intensive, qui va se dérouler tout au long de l’année, vise également à accroître le taux de scolarisation des enfants handicapés en créant une société où chaque enfant handicapé a accès à une éducation de qualité », avait-t-elle souligné. Tous les enfants, y compris ceux vivant avec un handicap, ont droit à une éducation de qualité. Le fait de ne pas aller à l’école renforce leur niveau de pauvreté et les rend plus exposés à l’exclusion sociale, aux violences et aux discriminations, alertent les associations.