L’aventure judiciaire d’Amadou Vamoulké se poursuit. Déjà condamné à 12 ans de prison dans une rocambolesque affaire, qui aura été renvoyée à plus de 130 reprises, un record, l’ancien directeur général de la Cameroon Radio and Television (CRTV, de 2005 à 2016) a écopé, mercredi 28 août, d’une nouvelle peine de 20 ans de prison, prononcée par le Tribunal criminel spécial.
Le journaliste, reconnu par ses pairs pour son intégrité, est derrière les barreaux depuis son arrestation le 29 juillet 2016. En décembre 2022, Amadou Vamoulké a déjà été condamné à 12 ans de détention après avoir été reconnu coupable de détournement de fonds publics, et notamment d’avoir perçu illégalement des frais de congés à hauteur de 16 millions de francs CFA (environ 24.300 euros) et d’avoir versé, sans autorisation du conseil d’administration, des compléments de salaire au personnel du ministère des Finances affecté à la CRTV. Avec cette deuxième affaire, la peine du journaliste s’élève donc à 32 ans de prison au total. Les avocats d’Amadou Vamoulké ont fait appel de cette décision dès le 28 août auprès de la cour suprême.
Alain Massé, ancien directeur général de Radio France, et coordonnateur du Comité international pour la réhabilitation et la libération d’Amadou Vamoulké, qualifie cette décision de redoutable, redoutée, que l’on attendait clairement. Selon lui, l’emprisonnement de Vamoulké est le résultat de son intégrité. Celui qu’il appelle le « Monsieur Propre des médias publics » a en effet réduit son salaire et ses avantages sociaux lorsqu’il a rejoint la CRTV. Le Comité a décidé de lancer une cagnotte pour le soutenir. Âgé de 74 ans, le journaliste souffre d’une neuropathie sévère attestée par deux neurologues et de cinq autres pathologies nécessitant des soins médicaux difficiles à réunir sur place. Dès 2020, l’ONU avait demandé sa libération et un groupe d’experts s’était dit profondément préoccupé par la gravité de l’état du journaliste.