Tout est parti des difficultés rencontrées par le commissaire aux comptes dans l’exercice de ses missions de contrôle au sein de la Cameroon Telecommunications (Camtel). Pour jouer techniquement son rôle, le commissaire aux comptes s’appuie sur le droit comptable OHADA notamment à son article 6 qui dispose que : « les informations soient présentées et communiquées clairement sans intention de dissimuler la réalité derrière l’apparence ». La correspondance de Minette Libom Li Likeng, le ministre des postes et Télécommunications (Minpostel), en date du 11 janvier 2021, fait la lumière sur les obstacles auxquels s’est heurté le commissaire aux comptes de Camtel.
En plus de certaines irrégularités dans la prise de décisions stratégiques dont les effets ne concourent pas à une réussite de la réforme organisationnelle et fonctionnelle prescrite par le gouvernement, le commissaire aux comptes dénonce des tares sur le plan financier et des ressources humaines. Sur la plan financier, le commissaire aux comptes évoque des « obstructions de la direction générale, la validation du budget 2021 en douzième provisoire, l’absence d’un business plan mettant en exergue la cohérence entre les investissements et la viabilité des activités liées au segment du mobile, et l’immaturité avérée des projets de l’entreprise ». Au plan des ressources humaines, le commissaire aux comptes dénonce « des entorses au principe de nomination par la direction générale des responsables relevant de la compétence du conseil d’administration ; toute chose de nature à compromettre le climat social au sein de l’entreprise et sa capacité à se positionner sur des projets nouveaux ». Au plan technique et stratégique, le commissaire aux comptes déplore « le non-respect de la mise en place effective des trois « business units » qui conditionne la réussite de l’exploitation des concessions octroyées ; la mise sur pied d’une « task force » composée de 170 personnels en lieu et place de la « business unit mobile », sans aucune précision sur les missions et les aspects liés à la gestion de cette unité ».
Le 4 mars 2020, dans le cadre de la réforme prescrite par le gouvernement a attribué trois concessions à Camtel : mobile, fixe et transport. Pour leur implémentation, le gouvernement a recommandé la mise en place d’un continuum organisationnel ouvert avec la création en son sein des « business units », en fonction de chacun des titres d’exploitation attribués. En résumé le flou entretenu par Judith Yah Sunday, le directeur général de Camtel, « ne permet non seulement pas d’assurer une entrée réussie de l’opérateur historique dans le segment de la téléphonie mobile, mais aussi de rassurer les acteurs du secteur sur la neutralité, la transparence, la non-discrimination et l’objectivité de Camtel à gérer les segments de monopole de fait », regrette le Minpostel. Pour remédier à cette situation, « j’ai l’honneur de vous prescrire un retour sans délai à l’orthodoxie managériale, à l’effet de garantir le succès de la réforme engagée et la crédibilité de l’opérateur historique », conclut Minette Li Libom Likeng.