Les avocats des accusés se sont tous mis d’accord pour exiger que leur soit transmise l’intégralité du dossier d’instruction, un préalable, à leurs yeux, pour un procès juste et équitable. Autres demandes fortement appuyées, la retransmission à la radio et à la télévision ou encore la possibilité de faire venir du matériel tel que des rétroprojecteurs.
Maître Jean-Pierre Buyle, avocat au barreau de Bruxelles et défenseur de Léopold Maxime Eko Eko, a exigé la libération immédiate de son client au nom de l’ordonnance du 1er décembre 2023 du deuxième juge d’instruction, Florent Aimé Sikati 2 Kwamo, qui consacrait la libération des prévenus Jean-Pierre Amougou Belinga et Léopold Maxime Eko Eko.
La question a été évacuée rapidement par le commissaire du gouvernement, qui a déclaré que cette fameuse ordonnance n’existe pas et que c’est un faux document.
Autre question qui a animé cette première audience, celle de la constitution de l’État comme partie civile. Me Claude Assira, à la surprise des avocats de la défense, a déclaré représenter les intérêts de l’État camerounais, suscitant aussitôt un débat. Il a finalement révélé qu’il avait été constitué par le service de renseignements, la DGRE dont douze agents sont accusés.
Me Jacques Mbuny, avocat du lieutenant-colonel Justin Danwe, ancien directeur des opérations de la DGRE, a commenté cette démarche en la qualifiant de « lâchage en règle » par l’État des personnels qui étaient à son plein service. Les réponses aux demandes et à ces différentes observations seront apportées par le tribunal, le 15 avril prochain, date à laquelle a été renvoyée l’affaire.
On décompte au total 30 avocats qui représentent les 17 accusés. Pour sa défense, l’ancien Directeur de la DGRE, Maxime EKO EKO a un conseil de 8 avocats dont 6 venant du barreau du Cameroun dont un ancien bâtonnier et 2 autres venant du barreau de Bruxelles. Jean Pierre Amougou Belinga quant à lui est accompagné par un collège de 4 avocats ayant à sa tête Me Charles Tchoungang, lui aussi ancien bâtonnier. Justin Danwe est le seul de ces trois accusés les plus en vue, qui n’a qu’un seul avocat pour sa défense. Il faut noter dans ce procès que le conseil qui défend Jean Pierre Amougou Belinga est le même qui défend le journaliste Bruno Bidjang, mis aux arrêts il y’a quelques semaines. Du côté de Martinez Zogo, Me Calvin Djob et Me Félicité Esther Zeifman font partie des avocats qui font défendre les interets des ayants droits de l’ancien chef de chaîne de Amplitude FM.
Interdiction d’appareils électroniques et doléances juridiques
Les téléphones portables et tout objet pouvant servir d’enregistrement étant interdits dans la salle d’audience, la presse a été autorisé à filmer uniquement à l’extérieur du tribunal. Dans la salle d’audience, l’avocat à la tête du conseil d’Amougou Belinga, Me Tchoungang, a demandé au président du tribunal qu’un écran et un vidéo projecteur soit mis à leur disposition pour des preuves à diffuser. Il souhaite aussi que ce procès soit diffusé en direct sur la télévision nationale car c’est une affaire qui passionne les camerounais de l’intérieur comme ceux vivants à l’étranger. Si ceci est impossible, il aimerait que le procès soit au moins enregistré pour l’histoire et la mémoire des procès au Cameroun. En ce qui concerne les observations et suggestions, Me Tchoungang et les autres conseils de la défense demandent au président du tribunal la possibilité d’entrer en possession de l’entièreté de la copie du dossier de procédure. Ils soulignent que les parties de la défense ne sont pas entrées en possession d’une copie de ce dossier et estime que cela ne favorise pas un procès équitable. Pour rappel, Martinez Zogo, de son vrai nom Arsène Salomon Mbani Zogo, né le 29 septembre 1972 à Yaoundé et mort assassiné le 17 janvier 2023.