Au cours de la descente effectuée le 19 mars, Pauline Nalova Lyonga, le ministre des Enseignements secondaires (Minesec), a présidé une concertation à huis clos. Pendant deux heures d’horloge, le Minesec, les principaux responsables du lycée bilingue d’Ekounou, et élèves tristement célèbres après la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux, étaient face à face pour exorciser le mal. « Au terme de cette concertation, le Madame le ministre a appelé les différentes parties prenantes à la gestion de l’établissement à plus de vigilance, demandé aux conseillers d’orientations de renforcer leur rôle d’assistance auprès des élèves, et enfin préconisé que les élèves ne soient pas exclus mais qu’ils soient davantage assistés », a confié Fabien Nkot, le secrétaire général du ministère des Enseignements secondaires.
La vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, d’environ deux minutes, montrant les élèves de cet établissement du quatrième arrondissement de la ville de Yaoundé défraie la chronique depuis quelques jours. Elle met en scène l’arrestation, par la police, de ces apprenants ayant leurs tenues de classe en main. En images, l’on voit un groupe d’une dizaine de jeunes filles et garçons, sortir d’une auberge pour embarquer dans un pick-up comme des vulgaires criminels. A côté, les populations indignées filment la scène à l’aide de téléphones portables. « Quelle honte, enlevez vos chapeaux, on voit bien vos visages ! Vos parents vous envoient à l’école et c’est ça que vous venez faire », hurle une dame dans la foule. Ces élèves ont été pris en pleine séance de partouze. Un témoin les ayant aperçus a donné l’alerte à la police. La dépravation des mœurs en milieu scolaire a atteint des proportions inquiétantes.
Le cas du lycée bilingue d’Ekounou vient rallonger la liste de faits divers, autrefois rares, en milieu scolaire. Début mars, un élève de la classe de 2nde STT, au lycée technique de Sangmelima, muni d’une machette, a débarqué au bureau de Madame l’intendante et exigé le contenu des caisses. Une fois le butin rassemblé, l’agresseur prendra la fuite, laissant l’intendante sous le choc. De l’alerte donnée, s’en est suivie une chasse à l’homme conclue par l’arrestation de l’élève. L’on a encore en mémoire le cas du lycée bilingue de Kribi, où un élève a fait enrôler ses camarades dans une secte pernicieuse de « porte-monnaie magique ».
Pour rompre avec le spectre de ce tableau sombre, et restaurer l’éthique du milieu éducatif, le Minesec a initié la tenue d’un séminaire psycho-social en vue de mieux outiller enseignants, surveillants généraux et autres responsables impliqués dans la chaîne éducative. Le but ultime étant de trouver des solutions efficaces pour redorer le blason du système éducatif national.