Après la libération de Émeline Mvogo, Directrice Régionale des Impôts du Centre, c’est une autre fenêtre qui s’ouvre. La guerre ouverte qui oppose le Directeur Général des impôts, Modeste FOPA, et Jean Pierre Amougou Belinga au sujet du paiement de ses redevances fiscales, est remontée en haut lieux. Sous arbitrage du Ministre des Finances Louis Paul Motaze, qui dans un courrier officiel, somme le Directeur du groupe ANECDOTE de payer une partie de la dette évaluée à 17 milliards de FCFA. Si l’homme d’affaires camerounais conteste ce chiffre, il n’en demeure pas moins astreint à cette responsabilité. L’homme politique Valère Bessala lui, est allé plus loin dans l’analyse lorsqu’il a été invité sur sa chaîne Vision 4. Pour ce dernier, les malheurs de Jean Pierre Amougou Belinga arrivent dans ce dossier du fisc, parce qu’il est mal entouré. « Jean Pierre Amougou Belinga est mal entouré. Il doit virer son conseil fiscal. Le DG des impôts vous a même beaucoup aimés. Mais vous avez utilisé les gros bras. Attention, le DG des impôts a une autonomie sur la gestion fiscale » a-t-il déclaré sur l’émission Club d’Élites sans doute programmée pour tirer sur le DG des impôts Modeste Mopa.
Les autres panelistes ont tenté de calmer Valère Bessala qui lui, a continué ses réquisitions avant d’être viré. Le Professeur Messanga Nyamding l’a traité de « dangereux » entre autres. Conscient d’avoir ruiné le plan de communication du Zomloa, Valère Bessala a demandé à Bruno Bidjang de ne plus l’inviter s’il trouve que ses propos dérangent son maître.
Par ailleurs, Emeline Mvogo a été libéré ce vendredi 10 juin 2022, après le renvoi la semaine dernière de la procédure de récusation du juge dans l’affaire qui l’oppose au milliardaire Jean Pierre Amougou Belinga. Emeline Mvogo, avait été arrêté après une confrontation chez le juge avec le puissant Homme d’Affaire ; Ses collègues ayant préféré prendre la fuite et éviter une arrestation. Elle a passé deux semaines de détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé Kondengui. Le Directeur Général des Impôts s’était alors personnellement investi pour faire libérer son employé.
Des circonstances bien étranges
Vendredi 20 mai 2022, Jean-Pierre Amougou Belinga a reçu la médaille de l’ordre de la Valeur, la plus haute décoration honorifique camerounaise. Elle récompense les services éminents rendus à l’État du Cameroun, et est décernée par la grande chancellerie des ordres nationaux que dirige l’ancien Premier ministre Philémon Yang. Pour plusieurs hommes politiques, le patron de Vision 4 ne mérite pas cette distinction puisqu’il est visé par un redressement fiscal que n’est pour l’instant pas parvenu à lui éviter le ministre des Finances, Louis-Paul Motaze.
Au Cameroun, les relations entre opérateurs économiques et agents de l’administration fiscale (Fisc) sont réputées être de cordiale détestation. Entre Jean-Pierre Amougou Belinga, puissant patron de Vision 4, et Modeste Mopa Fatoing, directeur général des impôts, l’inimitié est montée d’un cran à la faveur d’une affaire fiscale devenue conflit ouvert. Un duel entre deux figures de la scène publique camerounaise à l’issue plus qu’incertaine, et dont les ramifications s’étendent jusqu’au sommet de l’État. Si elle fait aujourd’hui la une des médias camerounais, l’affaire a pourtant débuté il y a plusieurs semaines. Fin 2021, l’Agence nationale d’investigation financière (Anif, l’organe chargé du renseignement financier), a fait parvenir à la Direction générale des impôts (DGI) une liste d’entreprises dont le volume de transactions financières avait attiré son attention. Douze d’entre elles ont ainsi cumulé autour de 80 milliards de F CFA (près de 122 millions d’euros) entre 2018 et 2020. Ainsi, lorsqu’il reçoit un avis de mise en recouvrement, Amougou Belinga propose un arrangement à l’amiable et s’engage à régler dans les plus bref délais 5 % du montant qui lui est réclamé. Mais la proposition est vite rejetée par les agents des impôts.
Sauf que le dossier prend une autre tournure à la mi-avril. Dans un style qui lui est propre, Jean-Pierre Amougou Belinga contre-attaque. Il prend à partie l’opinion publique en dénonçant publiquement « un acharnement ». Les Camerounais découvrent alors dans les colonnes d’une kyrielle de médias inféodés à sa cause une rocambolesque histoire de tentative d’extorsion de fonds, d’abus de fonction et de corruption impliquant neuf des agents impliqués dans le redressement fiscal des entreprises d’Amougou Belinga. L’entourage de l’homme d’affaires assure que les cadres de l’administration fiscale venus contrôler ses sociétés ont exigé une enveloppe de 500 millions de F CFA pour qu’ils se montrent conciliants. Le patron aurait finalement accepté de leur remettre 50 millions de F CFA, une scène filmée par les caméras de surveillance de son bureau. La vidéo est aujourd’hui au cœur de la procédure ouverte par Amougou Belinga contre les agents du Fisc.