Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les débats sur la question d’une thérapie montrent qu’il existe bien une diplomatie ou un nationalisme du vaccin. S’il est un pays qui a très vite compris l’enjeu, c’est la Chine. Elle a été l’origine du problème, et veut aujourd’hui s’imposer comme la solution, avec tous les avantages politiques qui s’y attachent. Les images sont fortes, la mise en scène impeccable. Pour réceptionner plusieurs tonnes de matériel venu de Chine, de hauts responsables apparaissent sur les tarmacs des principaux aéroports de leur pays. Abondamment relayée par les médias, la scène illustre à merveille la stratégie mise en place par Pékin, s’érigeant en recours contre l’épidémie. Si en Europe, la Serbie et la Hongrie ont accepté de recevoir les vaccins élaborés en Chine par Sinopharm ou Sinovac, les efforts de Pékin portent prioritairement sur les pays en développement, en particulier en Asie du Sud-Est, mais aussi au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne et en Amérique du Sud.
Depuis début février, Pékin a ouvert un pont aérien vers l’Afrique. La Chine fournit à bas prix, parfois gratuitement des centaines de milliers de doses au Sénégal, à l’Egypte, au Maroc, à la Guinée équatoriale, au Zimbabwe, aux Seychelles et au Tchad. En contrepartie de ces vaccins, elle espère renforcer son implantation économique sur le continent. Et en communicant largement sur la télévision d’Etat, elle veut donner d’elle-même l’image de grande et généreuse puissance. « L’argument pour la Chine est de dire que les Européens et les Américains ont fait des vaccins chers pour les pays riches. La Chine, elle, a des vaccins meilleur marché et surtout disponibles pour l’ensemble de la communauté internationale », confie un expert. Très présente sur le continent depuis bientôt vingt ans, les « nouvelles routes de la soie » ont fait de Pékin le premier partenaire commercial de la plupart des Etats africains. Mais cette présence n’est pas toujours très bien acceptée.
Pendant que les premiers vaccins chinois arrivaient en Afrique, Emmanuel Macron, le président français, était en visio-conférence avec le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour faire le point sur l’initiative COVACS, devant fournir des vaccins aux pays en développement. Au sommet du G7, il a proposé l’envoi immédiat de 13 millions de doses pour vacciner les personnels soignants en Afrique. « Si nous, Européens et Américains nous savons livrer le plus vite possible ces 13 millions de doses, ça vaut énormément, ça vaut notre crédibilité », a reconnu Emmanuel Macron. Si la Chine a réussi à maîtriser la pandémie, Européens et Américains en sont encore à se débattre. Aucun d’eux n’est donc en mesure d’étendre la vaccination aux pays les plus démunis. Pour l’instant ce sont les vaccins chinois qui font les titres de la presse africaine, présentant plus que jamais Pékin comme « le meilleur ami de l’Afrique ».