La découverte de ces cas, précise-t-il, constitue « une urgence de santé publique, considérant que le risque de propagation du virus est élevé ». Le ministre assure que des mesures ont d’ores et déjà été prises en vue notamment « d’une investigation profonde, une sensibilisation accrue des communautés et la planification des activités de vaccination dans les zones à risque ». L’objectif est de stopper, « dans les plus brefs délais », la transmission du virus de la polio à Yaoundé et sur toute l’étendue du territoire national. Cette nouvelle épidémie intervient huit mois après que le pays ait été déclaré pays « libre de la circulation du poliovirus sauvage (PVS) », l’agent pathogène de la poliomyélite.
Des menaces pour le système nerveux
Bien que les poliovirus dits « sauvages » soient éradiqués au Cameroun, d’autres formes de poliovirus circulant de type 2 (PCDVc2) dérivé d’une souche vaccinale continuent de circuler dans le pays. Des poliovirus très rares qui peuvent également provoquer des paralysies et qui circulent principalement dans des zones où des enfants sont peu ou pas vaccinés. De nouveaux cas de ce type de poliovirus ont été confirmés dans certaines localités des régions de l’Est, du Centre, du Littoral et du Sud l’année dernière.
En riposte, le gouvernement a organisé une campagne de vaccination en deux tours (du 18 au 20 septembre et du 9 au 11 octobre) dans les régions de l’Adamaoua, du Centre, de l’Est, de l’Extrême Nord, du Littoral et du Nord, où des cas de poliovirus circulants ont été découverts dans l’environnement et chez des humains. Ce, à l’effet de renforcer l’immunité collective des enfants, mais également de permettre au pays de maintenir son statut de pays « free polio ». La polio est une infection virale très contagieuse touchant principalement les enfants de moins de 5 ans.
Réactivité sanitaire en cours
Le virus se transmet par l’eau ou des aliments contaminés. Après s’être multiplié dans l’intestin, il envahit le système nerveux et peut entrainer la paralysie, voire la mort. Il n’y a pas de traitement contre la polio. Il est seulement possible de la prévenir par la vaccination. A cet effet, les autorités sanitaires invitent les populations à adhérer aux activités de vaccination.
« Ce poliovirus n’est pas encore circulant pour l’instant c’est-à-dire que le virus n’a pas encore la capacité de se propager rapidement », clarifie le Dr Edzoa Essomba, Coordonnateur du Groupe Technique régional du Programme Elargi de vaccination pour le Centre (GTR-PEV Centre).
Néanmoins, « Cette situation constitue une urgence de santé publique, considérant que le risque de propagation du virus est élevé », indique Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique. En effet, la ville de Yaoundé concentre un important brassage des communautés. Avec ces nouveaux cas détectés dans le DS de Santé de la Cité verte, fief d’un important trafic de populations, les officiels redoutent une propagation du virus non seulement à Yaoundé, mais aussi et surtout sur l’étendue du territoire national. Raison pour laquelle, avec l’objectif de « stopper dans les plus brefs délais la transmission du virus de la poliomyélite dans la ville de Yaoundé et sur toute l’étendue du territoire », les équipes du Minsanté sont d’ores et déjà à pied d’œuvre.
A en croire le Dr Edzoa Essomba, « une analyse des risques polio » est en train d’être menée. Cette « analyse scientifique » consiste en partie à savoir si la population autour du lieu indiqué est suffisamment protégée, pour éviter d’avoir une transmission communautaire du virus. « L’autre aspect de cette analyse des risques polio est le système de surveillance et le taux de couverture vaccinale. Si celle en VPO3 est supérieure à 90% ça veut dire que le risque de circulation du virus est assez limité », explique le Coordonnateur du GTR-PEV Centre.
Ce n’est qu’à l’issu de l’analyse de ces éléments que des recommandations seront prises. Les officiels auront donc le choix de sensibiliser ou renforcer la vaccination de routine. En rappel, la poliomyélite qui peut être prévenue par le vaccin, est une maladie infectieuse causée par un virus envahissant le système nerveux et pouvant entrainer des paralysies irréversibles en quelques heures. Elle touche les enfants de moins de 5 ans. Le virus se transmet par l’eau ou les aliments contaminés. Ce qu’il convient de relever, c’est que ces poliovirus apparaissent dans des zones où l’assainissement et l’hygiène sont insuffisants, mais aussi et surtout, où la couverture vaccinale (CV) est limitée. Dans la région du Centre par exemple, elle est d’environ 84%, selon certains médias camerounais.