Sollicitée par la plupart des personnalités interpellées dans le cadre de la lutte contre la corruption, cette mesure reste à la discrétion du président de la République pour préserver sa portée de clémence.
C’est en juillet 2006 que, la politique du président Paul Biya en matière de lutte contre la corruption a pris corps. La primeur de son annonce avait d’ailleurs été réservée aux membres de sa chapelle politique. Lors du 3e congrès extraordinaire du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au palais des Congrès de Yaoundé, il affirmait alors : « tous ceux qui se sont enrichis aux dépens de la fortune publique doivent rendre gorge », en annonçant la méthode : « restituer par la force ce qu’ils ont acquis illégalement ».
Quelques temps après l’opération, baptisée « opération épervier » par la presse camerounaise, a été mise en route avec le résultat que l’on connaît à ce jour. Pendant leur séjour pénitentiaire, certaines personnalités connaissent une dégradation de leur état de santé qui ne laisse pas indifférent, le président de la République. Mendiant de la paix, soucieux de la stabilité du pays, le président Paul Biya en bon père de famille, prend en âme et conscience la décision d’une évacuation sanitaire en faveur de personnalités en indélicatesse avec la justice.
Une mesure de clémence et non de favoritisme
Agissant en toute discrétion, la décision du chef de l’Etat, d’accorder une évacuation sanitaire ne saurait être interprétée comme acte de favoritisme, encore moins de soustraction à la justice. Yves Michel Fotso, l’ex-patron de la compagnie Camair-Co qui purge deux peines de prison à vie à Yaoundé, a bénéficié en août 2019 d’une évacuation sanitaire pour se faire soigner au Maroc. Ephraïm Inoni, ancien premier ministre de 2004 à 2009, a été autorisé de sortir du pays pour se faire soigner en Europe. Les frais d’une évacuation sanitaire environ 100 millions de F, parfois supportés par l’Etat, au bénéfice de personnes appelées à rendre gorge, sont une donnée hautement sensible qui impose une sélection rigoureuse.
Autour de ces deux cas, et en marge de la décrispation de la scène politique décidée par le président Paul Biya au lendemain du grand dialogue national, se construit dans certaines consciences l’idée d’une jurisprudence en matière d’évacuation sanitaire ou d’arrêt des poursuites. C’est tout simplement mal connaître l’homme du 6 novembre 1982, apôtre de la rigueur et de la moralisation.
La justice poursuit son cours
Indépendante, la justice camerounaise continue sereinement son travail. Une activité que le président Paul Biya, légaliste, n’entend pas perturber. Les personnalités prises dans les mailles de la justice ont la liberté de s’attacher des conseils, et d’épuiser toutes les voies de recours disponibles dans le système judiciaire pour démontrer leur innocence, et bénéficier de ses corollaires. Les plateaux techniques des hôpitaux, sans cesse améliorés dans la perspective de l’organisation de la CAN 2021, sont prêts à accueillir ceux des prisonniers connaissant des ennuis de santé.