Mise à l’écart au tout début de la pandémie du Coronavirus sur le continent, la médecine traditionnelle est en voie d’être utilisée dans la lutte contre cette maladie, qui a déjà causé le décès de plus de 17 000 personnes en Afrique.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) ont tendu la main à cette médecine reposant essentiellement sur l’utilisation des milliers de plantes dont dispose le continent.
Alors que l’Occident a une attention particulière sur les grands laboratoires à la recherche d’un vaccin contre cette maladie qui ébranle le monde entier, le Bureau Afrique de L’organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) se tournent plutôt vers la médecine traditionnelle. La semaine dernière, ces deux institutions sanitaires ont mis en place un Comité consultatif d’experts chargé de fournir un soutien et des conseils scientifiques indépendants aux pays sur la sécurité, l’efficacité et la qualité des thérapies de médecine traditionnelle.
En effet, ce comité d’experts appuiera les pays dans un effort de collaboration pour mener des essais cliniques de médicaments traditionnels en conformités avec les normes internationales. Un apport visant également à faciliter l’enregistrement des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle jugés sûrs et efficaces.
Selon l’OMS, le recours à cette forme de thérapie fait suite à son utilisation par environ 80% de la population; une plus-value dans la mise en place d’une stratégie capable de contribuer à l’atteinte des objectifs de la couverture sanitaire universelle, par la réduction de la pauvreté et de la faim.
« La fabrication et la Commercialisation à grande échelle des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle, qui impliquent la culture des plantes médicinales ainsi que les processus de récolte et de post-récolte présentent des avantages en termes de développement socio-économique », a précisé le Dr Ossy Kasilo, conseillère régionale chargée de médecine traditionnelle pour le bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé en Afrique.
De son côté, Dr Moatshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique met l’accent sur les principes empiriques de la science: « L’intérêt pour la médecine traditionnelle en tant que traitement potentiel contre le Covid-19 est croissant en Afrique », ajoutant : « au moment où le monde se lance à la recherche de traitements et de vaccins contre le virus, la recherche sur les médecines traditionnelles et orthodoxes en tant que thérapie potentielle du Covid-19 doit être fondé sur la science, et ce jour marque une étape importante dans le soutien de ces efforts » . A l’aube de l’annonce des premiers cas confirmés, à l’instar de Madagascar, plusieurs Etats du continent ont plaidé pour l’intégration de la médecine traditionnelle dans la riposte contre la pandémie. Des sources proches des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies indiquent que certains États dont le Nigeria et l’Ouganda ont lancé des recherches thérapies traditionnelles.
En effet, Les Nations Unies estiment que la médecine traditionnelle africaine présente plusieurs bénéfices dont «la diversité, la flexibilité, la disponibilité, des prix abordables, l’acceptation générale par les communautés africaines et le coût comparativement faible par rapport aux médicaments modernes, signale la docteure en pharmacologie clinique». L’organisation souligne toutefois qu’il faut «redoubler d’effort pour mobiliser des fonds pour la recherche, car la médecine traditionnelle est souvent sous-financée dans le secteur de la santé». La prise en compte de la médecine traditionnelle par l’OMS dans la riposte contre le Coronavirus, pourrait permettre au continent africain d’écrire sa propre histoire scientifique et de mettre en place des solutions pratiques pour améliorer la vie des patients africains.
Un plaidoyer de l’OMS réitéré en Mai 2020
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait accueilli favorablement les innovations à travers dans le monde, y compris le recyclage des médicaments, des produits issus de la pharmacopée traditionnelle et la mise au point de nouvelles thérapies dans le cadre de la recherche de traitements potentiels de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19).
L’Organisation reconnaissait que la médecine traditionnelle, complémentaire et alternative recèle de nombreux bienfaits. L’Afrique a d’ailleurs une longue histoire de médecine traditionnelle et de tradipraticiens de santé qui jouent un rôle important dans les soins aux populations. Des plantes médicinales telles que l’artemisia annua sont considérées comme des traitements possibles de la COVID-19, mais des essais devraient être réalisés pour évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables. Les Africains méritent d’utiliser des médicaments testés selon les normes qui s’appliquent aux médicaments fabriqués pour les populations du reste du monde. Même lorsque des traitements sont issus de la pratique traditionnelle et de la nature, il est primordial d’établir leur efficacité et leur innocuité grâce à des essais cliniques rigoureux.
Les gouvernements africains, par l’intermédiaire de leurs Ministres de la santé, ont adopté au cours de la cinquantième session du Comité régional de l’OMS pour l’Afrique tenue en 2000, une résolution sur la médecine traditionnelle dans laquelle les États Membres étaient invités à générer des données factuelles sur la sécurité, l’efficacité et la qualité de la médecine traditionnelle. Les pays étaient aussi invités à effectuer des recherches pertinentes et à demander aux autorités nationales de réglementation pharmaceutique à approuver les médicaments conformément aux normes internationales, qui préconisent notamment que le produit suive un protocole de recherche strict et soit soumis à des tests, ainsi qu’à des essais cliniques. Ces études concernent en temps normal des centaines de personnes, sont effectuées sous la supervision des autorités nationales de réglementation pharmaceutique et sont réalisées pendant quelques mois dans le cadre d’un processus accéléré.
En outre, l’OMS œuvre de concert avec les instituts de recherche pour sélectionner les produits issus de la pharmacopée traditionnelle sur lesquels des investigations peuvent être menées afin de déterminer leur efficacité clinique et leur innocuité dans le traitement de la COVID-19. En outre, l’Organisation mondiale de la Santé continuera de prêter son assistance aux pays au moment où ils analysent le rôle que les tradipraticiens de santé jouent dans la prévention, l’endiguement, la détection précoce du virus et l’orientation-recours des cas vers les établissements de santé. L’OMS se réjouit de chaque occasion de collaborer avec les pays et les chercheurs pour développer de nouveaux traitements, et encourage une telle collaboration pour la mise au point de thérapies efficaces et sans risque pouvant être utilisées en Afrique et ailleurs dans le monde.