Des tas d’immondices qui jonchent les rues, des nids-de-poule incomptables à chaque kilomètre de la route, des fissures sur des chaussées, etc. C’est le visage hideux que continuent de présenter plusieurs quartiers de la ville de Yaoundé. Présidant le Conseil de Cabinet le 26 octobre 2023, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a sommé de prendre à l’immédiat, des mesures qui s’imposent pour assainir le siège des institutions républicaines. C’est du moins, l’aveu du Minhdu Célestine Ketcha Courtès, du Minddevel Georges Elanga Obam et du Maire de Yaoundé Luc Messi Atangana à la radio nationale, au sortir des travaux à la Primature.
Avant de prendre l’engagement de traiter les nids-de-poule ou encore de veiller au ramassage régulier des ordures ménagères, ces autorités n’ont pas fait abstraction des principales raisons qui favorisent l’insalubrité et la dégradation de la chaussée. Ainsi, tous sont unanimes sur l’incivisme des populations et le vieillissement de la voie publique.
Dans la foulée, le ministre de l’Habitat et du développement urbain estime que la voirie de Yaoundé « souffre de sa vieillesse, elle souffre également du manque d’entretien, du manque de moyens, des effets du changement climatique ». Pour elle, « avec une pression foncière urbaine, il faut dire également que ces populations s’installent de manière anarchique et les voies utilisées sont hyper sollicitées et malheureusement sont vieillissantes ». Le ministre de la Décentralisation et du développement local, pour sa part, propose de revoir la gestion de la collecte des ordures. « La vie grandit très vite. La population aussi. Pour ce qui est de la question des ordures, il est clair que la manière dont la question est abordée aujourd’hui, ne peut plus permettre d’avoir des solutions satisfaisantes parce que, le nombre d’acteurs qui interviennent, le niveau de responsabilité qu’il faut accorder à chaque échelon, doit être revue pour que cette question soit traitée au plus près », soutient-il.
Pourtant, en ce qui concerne la route, le ministère des Travaux publics (MINTP) octroie chaque année, une enveloppe de 27 millions de Fcfa aux communes pour les travaux d’entretien. De plus le Minddevel débloque par an, 100 millions de Fcfa au profit de chaque commune, 285 millions de Fcfa à destination des communautés urbaines et 3 milliards de Fcfa aux régions pour ne citer que ces allocations.
Plusieurs contingences
Bien plus, la question de la collecte des ordures se pose encore avec acuité alors que le 24 juillet 2023, le Premier Ministre a signé un décret qui précise les modalités de répartition du produit du droit d’accises spécial. De fait, 17, 5% sont affectés à la Communauté urbaine de Yaoundé, de même que 17,5% à la Communauté urbaine de Douala. Trois mois après, la situation ne s’est véritablement améliorée sur le terrain. De sources proches du dossier, « le produit du droit d’accises des 3e et 4e trimestres 2022, ainsi que celui des 1er et 2eme trimestres 2023 vient à peine d’être reparti ». Comme pour dire qu’il existe une sorte de blocus. « Généralement, ce sont les Centimes additionnels communaux(CAC) et autres Impôts communaux soumis à péréquation (Icsp) qui sont priorisés. Depuis l’institution du droit d’accises spécial en 2019, seulement une poignée de communes a été payée en 2021. Là même le Trésor a rapidement crié à une confusion du fichier avec celui des CAC. Le deuxième problème est celui du retard dans la répartition du produit du droit d’accises ; là c’est au niveau du Minddevel », nous confie notre source avant de suggérer : « qu’on mette les ressources à la disposition des CTD et qu’on évalue par la suite leur travail dans ce domaine ».
« En 2015, l’Etat a mis 28,22 milliards de F en termes d’investissement et d’entretien, 3,57 milliards de F. Pour 2016, c’est un montant de 40 milliards de F qu’il a investi et 4,88 milliards dans l’entretien des routes. En 2017, c’est 17 milliards qui ont été débloqués pour la construction et 3,58 pour l’entretien. Enfin, en 2018 ; 15,51 milliards pour l’investissement et 5,52 milliards de F pour l’entretien ; Ce qui fait une moyenne annuelle de 25,34 milliards de Fcfa que l’Etat met en termes d’investissement et 4,37 milliards de F d’entretien, pour accompagner la mobilité par an dans la ville de Yaoundé ». Ces chiffres sont de Jean Patrick Mfoulou Elugu, le chef de la cellule des études, de la planification et de la prospective à la Communauté urbaine de Yaoundé(CUY) dans une interview accordée à Cameroon Business Today.